La présidente d’ATD Quart Monde, Marie-Aleth Grard, a participé, mercredi 29 septembre, à la visite de l’Entreprise à but d’emploi 13 Avenir, à Paris, avec le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, et le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. Avec les acteurs de l’expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée, les leaders syndicaux travaillent à la construction d’un “socle de garanties collectives” pour l’ensemble des salariés des Entreprises à but d’emploi.
L’Entreprise à but d’emploi (EBE) 13 Avenir, située dans le 13e arrondissement de Paris, compte 66 employés, quatre ans après sa création. Comme dans les neuf autres territoires où se trouvent pour l’instant des Entreprises à but d’emploi créées dans le cadre de l’expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée, la question d’un “socle de garanties collectives” se pose pour les salariés. Pour réfléchir à la construction de ce “tronc commun de droits pour l’ensemble des salariés des EBE”, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, et le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, sont venus rencontrer les employés de 13 Avenir, le 29 septembre.
Laurent Berger a affirmé son “soutien franc et massif” à l’expérimentation, qui va bientôt voir le développement d’au moins 50 nouveaux territoires. Il a cependant constaté que “des sujets sociaux sont posés dans les EBE. Ce sont des entreprises particulières, mais ce sont des entreprises. Il y a des questions de formation, d’évolution de carrière, de droit syndical, de salaire, de représentation collective”.
Pour Philippe Martinez, “dans les premières expériences, il y a du bon et du moins bon », comme par exemple le fait que les salariés n’aient “aucun repère collectif”. “Le bon, il faut encore l’améliorer. Le moins bon, il faut rajouter des ingrédients pour faire en sorte que ce soit mieux”, a ajouté le leader de la CGT. Tous deux ont donc pointé la nécessité de parvenir, si possible avant la fin de l’année, à “un accord inter-entreprises qui prendrait en compte les spécificités des Entreprises à but d’emploi”.
“Laboratoire d’expérimentation de démocratie sociale en entreprise”
L’EBE propose aujourd’hui une grande diversité de services, avec des ateliers de couture, permettant notamment de revaloriser des bâches publicitaires et des chutes de tissu, des ateliers de menuiserie, de réparation de vélos, des services aux habitants pour améliorer la qualité de vie et l’accès aux droits, avec par exemple une équipe de médiateurs numériques.
Elle est également “un partenaire pour les autres acteurs implantés dans le 13e arrondissement, qui permet d’incuber des projets de territoire”, a expliqué sa directrice générale, Élisa Lewis. L’Armée du Salut a ainsi confié à l’EBE la gestion d’un local pour “imaginer, puis gérer un tiers-lieu qui est à la fois un espace de restauration le midi, un lieu d’accès au numérique et un bureau partagé”. En pleine expansion, cette entreprise est actuellement “au milieu du gué pour créer un bassin d’emplois suffisamment important pour assécher le taux de chômage de longue durée du territoire”, a-t-elle précisé. Suite aux échanges avec les employés, le secrétaire général de la CGT a constaté que l’EBE était “un possible laboratoire d’expérimentation de démocratie sociale en entreprise pour que les salariés puissent participer davantage à la vision qu’ils ont de leur travail, dans une dimension collective“.
Les salariés de 13 Avenir présents ont tenu à pointer leur fierté de travailler dans cette entreprise, qui “crée du lien social et fait revivre le quartier”. Ils ont également mis en avant leur “polyvalence”, qui permet de découvrir de nombreuses activités et de varier les missions au jour le jour, mais qui pose la question de l’identité professionnelle et de la valorisation. “La polyvalence est toujours enrichissante, mais il ne faut pas que les salariés deviennent des bouche-trous et que l’on crée des niches de non-droit”, a estimé Philippe Martinez.
“Des travailleurs comme les autres”
Pour Laurent Grandguillaume, président de l’association Territoires zéro chômeur de longue durée, cette rencontre est “un moment historique”. “Plus on identifie les problèmes, plus on apporte des solutions. Nous sommes dans une expérimentation. C’est la force du projet, on apprend des autres et en particulier des partenaires sociaux”, a-t-il souligné.
“On est dans ce dialogue depuis un moment pour faire avancer cette expérimentation, faire avancer le droit de chaque personne au travail”, a précisé Marie-Aleth Grard, présidente d’ATD Quart Monde. “Il ne s’agit pas de faire des travailleurs différents des autres, à part, mais des travailleurs comme les autres, reconnus comme les autres et qui peuvent avancer dans la société avec les autres“, a-t-elle insisté. Julie Clair-Robelet
Photo : Rencontre à 13 Avenir avec Laurent Berger et Philippe Martinez le 29 septembre 2021. © JCR