ATD Quart Monde a réuni du 24 au 26 janvier des militants Quart Monde ayant participé à un Croisement des savoirs au cours des trois dernières années. L’objectif était d’approfondir l’histoire de cette démarche et de mieux comprendre ses objectifs.
Le Croisement des savoirs, « c’est l’aboutissement de nombreuses années de vie partagée, d’actions menées ensemble, de formations mutuelles. C’est ce qui fait sa force. Ce n’est pas seulement le fait de réfléchir ensemble avec des professionnels, mais aussi toute l’histoire qui est derrière cette démarche », affirme Pascale Budin, coordinatrice des Ateliers du Croisement des savoirs et des pratiques à ATD Quart Monde, en introduction des trois jours de rencontre. Marc Couillard, militant Quart Monde, a ainsi pu détailler la mise en place des premières expérimentations, dès 1996, pour « essayer de comprendre comment faire de la place aux savoirs des personnes vivant la pauvreté ». Après « Quart Monde Université » qui jette les bases de la démarche avec des chercheurs, des acteurs associatifs et des militants Quart Monde, « Quart Monde Partenaire » est lancé en 2000.
Des centaines de Croisements des savoirs ont été organisés depuis sur les thèmes de l’école, de la santé, du travail social, de l’écologie… De nombreux professionnels ont fait évoluer leurs pratiques et leurs postures suite à leur participation. Mais que représentent ces co-formations pour les personnes en situation de pauvreté ? C’est ce qu’a demandé l’équipe des Ateliers du Croisement aux militants présents à Méry-sur-Oise fin janvier. « C’est une façon de faire discuter des personnes qui ont vécu la pauvreté et des professionnels qui ont des a priori et qui entendent parler de la pauvreté en théorie, dans les livres », répond une militante Quart Monde. « Cela permet de mieux se défendre dans la vie. C’est l’occasion d’évoluer », poursuit un autre. « Avant, j’avais beaucoup de jugements sur les assistantes sociales, les profs, les éducateurs… Cela m’a permis de grandir, d’ouvrir mes yeux. Je me suis dit qu’il ne fallait pas que je reste dans ma bulle. Et, pour changer, il fallait aussi que je les écoute », précise une militante.
« Peut-être que ça ne changera pas ta vie, là tout de suite, d’un coup de baguette magique. Cela prend du temps de faire évoluer les mentalités, de changer la vision des gens. Mais c’est important de parler et aussi d’écouter et d’entendre ce que les autres vivent, les freins que chacun rencontre et de trouver des solutions pour tout le monde », conclut un militant Quart Monde.
Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de mars 2025.
Photo : Croisement des savoirs avec des militants Quart Monde à Méry janvier 2025. © ATD Quart Monde