Le 9 septembre, quinze stagiaires ont intégré la formation pré-qualifiante OSEE (Osons les Savoirs d’Expérience de l’Exclusion) à Lille.
Après le lancement de la promotion de Rennes, en juin dernier, c’est à Lille que l’expérimentation OSEE poursuit sa reproduction locale. Treize stagiaires ont ainsi participé à leur première journée de formation dans les locaux de l’École Européenne Supérieure en Travail Social (EESTS), le 9 septembre. Pour Daniel, 46 ans, ce retour à l’école est « motivant, c’est le début d’une nouvelle vie ». En visitant l’établissement, son stress est palpable lorsqu’il découvre les tables et les chaises bien alignées dans les salles de cours. Mais sa volonté de devenir médiateur social, et l’accueil chaleureux des formateurs et des autres stagiaires, lui permettent de surmonter ses craintes.
Les stagiaires ont appris fin août qu’ils allaient rejoindre pour huit mois ce projet OSEE, qui a déjà réuni en région parisienne 78 stagiaires venus de toute la France, répartis dans deux promotions de 2020 à 2023. Toutes et tous ont une expérience vécue de précarité, ont quitté le système scolaire relativement tôt et sont investis dans des associations, dans leurs quartiers ou auprès de leurs proches. Ils partagent également une envie de faire reconnaître leurs compétences acquises et leurs savoirs, pour se professionnaliser dans les domaines de l’intervention sociale, de l’animation, de la médiation ou de la petite enfance. Mais « une des raisons d’être d’OSEE est surtout d’obtenir, après la formation, un travail choisi », précise Eric Bourcier, co-pilote du projet au sein d’ATD Quart Monde.
“Vous devenez travailleurs sociaux en formation”
« On va travailler avec ce que vous êtes pour essayer de vous emmener là où vous avez envie d’aller », ajoute Danny D’Amore, directrice pédagogique de l’EESTS. « Vous devenez travailleurs sociaux en formation Vous avez désormais un pied dans cette famille du travail social et, tranquillement, on va essayer de vous guider là où vous avez envie. C’est large, et si ce n’est pas le travail social, mais qu’on peut vous aider, on le fera très volontiers », poursuit Nathalie Lefebvre, formatrice à l’EESTS.
Léa, 24 ans, a ainsi été orientée dans cette formation par la mission locale. Elle ne sait pas encore vraiment vers quelle profession se tourner, mais, à la fin de la journée, lorsque les formateurs lui demandent de dire un mot pour résumer son sentiment, elle affirme, avec un large sourire : « demain, tout commence ».
Tout comme Ambre, 26 ans, « attirée par les métiers du social », Leila, 36 ans, n’a pas de projet professionnel précis. Arrivée de Géorgie il y a 12 ans, elle s’est investie dans plusieurs associations et est devenue parent d’élève dans l’école de ses filles. Aujourd’hui, elle aimerait « aider les gens et avoir plus d’expériences », explique-t-elle. Alan, 22 ans, a quant à lui un objectif très clair : devenir éducateur spécialisé. Pour Samira, qui a été infirmière dans son pays d’origine, le but est pour l’instant de « travailler avec des personnes âgées ».
Remplacer la honte par l’expérience
« C’est quand même gonflé d’associer les mots ‘exclusion’ et ‘expérience’, c’est audacieux », constate Anne-Marie De Pasquale, membre de la délégation nationale d’ATD Quart Monde. « Cela veut dire qu’on remplace la honte et la culpabilité de l’exclusion, par de l’expérience qu’on va valoriser », poursuit-elle.
Après cette deuxième étape du projet, ATD Quart Monde espère « qu’il y aura une troisième étape et que cette formation sera reconnue partout en France, parce que, partout, il y a des gens qui, comme vous, n’ont pas le diplôme ou le parcours qu’il faut, mais ont toutes les compétences », conclut Anne-Marie De Pasquale.
Photo : Une partie de la promotion OSEE à Lille, le 9 septembre 2024. © ATD Quart Monde