À Chambéry, en Savoie, ATD Quart Monde anime avec des partenaires des co-formations réunissant des professionnels de santé et des personnes vivant des situations de précarité.
En avril dernier, 21 médecins, infirmiers, travailleurs sociaux en lien avec la santé et cinq personnes vivant des situations de précarité se sont retrouvés à Chambéry pour la dixième co-formation précarité et santé depuis 2005. Pendant trois jours, ils ont travaillé leurs représentations sur le monde de la santé et sur la pauvreté, puis à partir de situations vécues. De ces réflexions ont émergé des thèmes clés, étudiés en groupe de pairs, puis tous ensemble.
L’objectif était notamment de mieux cerner les conditions à mettre en œuvre ou à éviter pour une meilleure compréhension réciproque. « Beaucoup de professionnels de santé ont vraiment évolué suite à ces co-formations. Même si le changement institutionnel est plus complexe, il y a des changements individuels. Chez les militants Quart Monde aussi, cela permet une reprise de confiance, la sensation d’avoir réussi quelque chose », explique Bruno de Goër, médecin à la permanence d’accès aux soins de santé de Chambéry et allié.
« Ce sont de belles aventures, qui ne sont pas simples. Il faut pouvoir sécuriser tout le monde, afin que chacun ose s’exprimer et comprenne qu’il est possible d’affirmer son désaccord avec une véritable considération de l’autre », poursuit-il. Les contraintes et les pratiques de chacun ont été analysées, afin de déterminer par exemple quelle est la place de chaque personne dans un parcours de soin, comment mieux se comprendre et s’écouter.
« C’est toute la population qui gagne »
Il constate que les professionnels de santé sont en outre « en attente d’outils très pratiques », mais rappelle : « nous sommes ici dans la question de la relation humaine, de la compréhension réciproque, du respect ». Des outils sont néanmoins créés à la fin de chaque co-formation, comme le livret « Professionnels de santé et personne en grande précarité sociale… On avance ensemble », publié en 2016 par l’association Respects 73, ou encore le documentaire « Santé et gens du voyage – Au croisement des savoirs et des pratiques », disponible sur le site de l’association Moderniser Sans Exclure Rhône-Alpes (www.msera.fr).
« Les professionnels s’interrogent souvent sur les spécificités dans la prise en charge des personnes en situation de grande précarité. Mais, si on met en place des stratégies qui correspondent aux publics les plus en difficulté, c’est toute la population qui gagne », conclut Bruno de Goër.
Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de juin 2024.
Photo : Co-formation santé en 2024. ATD Quart Monde