Une année pour s’engager

« Je ne suis pas d’accord qu’on dise non à un enfant qui veut aller à l’école. Ce n’est pas juste qu’on me dise non pour l’école, c’est pas normal », nous dit Sullyman le 3 septembre 2020. Conscient que c’est dans ce lieu que se dessine son avenir.

Ce cri, on peut l’entendre de partout, de nos cités désœuvrées comme de nos bidonvilles où l’enfant n’a aucune prise sur son quotidien, ni ses parents sur son devenir. La pauvreté entrave tout. Les efforts fournis sont invisibles aux yeux de la société, renforçant chez les plus pauvres la non-confiance en soi. Comment faire comprendre que c’est la situation de pauvreté qui entrave la vie des gens et non eux qui en sont à l’origine ?

Je sais que chacun d’entre vous, engagé auprès d’eux, en est convaincu et est indigné par l’injustice qu’ils subissent. Mais comment faire pour que tous nos efforts, nos énergies, nos créations, nos actions pour détruire la pauvreté fassent échos et nous projettent 20 ans en avant ? Comment faire pour que les enfants comme Sullyman puissent être, dans 20 ans, le jeune, l’adulte qu’il rêvait ?

En 1968, Joseph Wresinski avait appelé les étudiants qui manifestaient au Quartier Latin à venir partager leurs savoirs dans les bidonvilles. Aujourd’hui, cet appel reste d’actualité. Nous devons enfiler nos baskets et aller dans les lieux où se forment les jeunes, les personnes qui seront demain les détenteurs de l’avenir de notre société. Leur crier que le monde ne changera pas si les plus pauvres ne sont pas au cœur de son évolution, si la culture, le savoir ne rejoignent pas l’intelligence des plus pauvres dans leurs quartiers. Unir nos forces pour oser engager d’autres sera, à n’en pas douter, le défi de notre Rencontre des engagements.

Ketty Tremoulu, membre de la délégation nationale d’ATD Quart Monde