Yves Jeanjean : « Nous sommes un petit maillon de la chaîne »

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Militant Quart Monde depuis un peu plus de cinq ans, Yves Jeanjean estime que « tous ensemble, on peut faire changer les choses ».

Le 17 octobre 2015, Yves se balade dans les rues de Montpellier en profitant du beau temps. Il passe à côté d’un rassemblement de personnes et se rapproche, par curiosité. “J’ai compris que c’était une manifestation contre la pauvreté. Alors, comme je sortais juste de cette galère, j’ai participé et ensuite je me suis engagé”, explique-t-il.

Plus de cinq ans après, il se souvient encore d’avoir été surpris pas la mobilisation des personnes réunies ce jour-là, militants Quart Monde et alliés, et par leur manière d’impliquer les passants. “Ce qui m’a plu, c’est de voir que les habitants de Montpellier étaient curieux et présents en nombre. C’est cela qui fait marcher le 17 octobre : on mobilise tous les habitants pour nous aider à changer la société, pour nous donner leur opinion, leur ressenti. Et, tous ensemble, on peut faire changer les choses.”

Montpelliérain depuis plus de 30 ans, Yves évoque en quelques phrases son “parcours un peu chaotique”. Né à Béziers dans une fratrie de dix enfants, il est placé chez une nourrice, puis dans une famille d’accueil, entre 2 et 17 ans. “À partir de l’âge de 25 ans, je me suis retrouvé en galère et j’ai commencé à vivre dans la rue, pendant une dizaine d’années. Je faisais la manche près d’une église et je m’étais construit une petite maison, avec des cartons, sous un porche. Puis le prêtre de la paroisse a vu ma détresse. Il m’a donné des habits, des couvertures et, quelques années après, sa voiture qu’il voulait changer. C’est devenu ma maison. Plusieurs personnes m’ont ensuite tendu la main et m’ont aidé à m’en sortir”, raconte-t-il.

Savoirs issus d’une vie difficile

Yves a alors “un déclic : on m’a aidé, alors je me suis dit qu’il ne fallait pas laisser les autres personnes en difficulté et qu’il fallait que, moi aussi, je les aide”. Peu à peu, il devient très actif au sein d’ATD Quart Monde. « Je ne pensais pas que mon engagement prendrait une telle ampleur. Je suis aujourd’hui reconnu dans le Mouvement, mes savoirs issus d’une vie difficile dans la précarité servent. Je suis content que mon expérience fasse bouger les choses”, dit-il fièrement.

Il participe ainsi aux Universités populaires Quart Monde, mais aussi au Laboratoire d’idées Santé, dans l’objectif de “se battre contre les discriminations et la pauvreté, en faisant bouger les lois”. Il intervient régulièrement dans les collèges et les lycées de la région “pour expliquer ce qu’est la pauvreté et comment combattre les préjugés”. Face aux adolescents “très à l’écoute”, il raconte son histoire et souligne la nécessité de ne pas ignorer les personnes en situation de pauvreté, mais au contraire d’aller vers elle. “Même un petit sourire, un bonjour, cela suffit. Je leur apprends à porter un autre regard sur ces personnes qui sont exclues.”

Il est également actif à la Bibliothèque de rue du quartier Paul Valéry, ainsi que dans le groupe “D’ici et d’ailleurs, qui réunit notamment des demandeurs d’asile et des militants Quart Monde.

« On se complète »

Lui qui se définit comme “très solitaire” auparavant, enchaîne les réunions, les rencontres, les rassemblements de soutien… “Nous sommes une dizaine de militants Quart Monde à Montpellier. Chacun a sa vie, son parcours, mais, rassemblés, on se complète bien. On avance ensemble, main dans la main. Chacun de son côté, on ne s’en sort pas, mais nous sommes ensemble et c’est pour cela qu’on avance bien”, se réjouit-il.

Il reste optimiste pour l’avenir et espère que “la société va évoluer et que le droit à un logement décent, à l’accès aux soins, à se nourrir correctement, à accéder aux loisirs, à se former aux technologies numériques… seront bientôt accessibles à tous, sans distinction”. “Même si nous sommes juste un petit maillon de la chaîne et que ce n’est pas nous qui prenons les décisions finales, nous devons nous mobiliser pour être écoutés dans les hauts lieux politiques et faire changer tout ça”, conclut-il.

 

Photo : Yves Jeanjean en mars 2021 © C. Corbeau

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