Membres du collège des personnes concernées par la grande pauvreté du CNLE (Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale) ou du groupe d’appui constitué par ATD Quart Monde, trois militants Quart Monde et deux alliés se sont penchés sur les idées fausses décryptées dans ce livre et ont échangé le 6 décembre dernier au sujet de l’impact de ces préjugés sur leur vie quotidienne.
« Les pauvres ont des droits, mais ça va avec des devoirs », « La justice est la même pour tous », « Les pauvres font tout pour toucher des aides », « Les pauvres sont des fraudeurs, il faut les contrôler »… Voici quelques-unes des idées fausses contre lesquelles lutte le nouveau livre publié par les Éditions Quart Monde et les Éditions de l’Atelier, En finir avec les idées fausses sur la pauvreté. Au-delà des chiffres incontestables que l’on trouve dans l’ouvrage, l’expérience de vie des personnes en situation de pauvreté va à l’encontre des préjugés. Cinq membres du Mouvement nous livrent leurs réflexions sur quatre idées fausses détaillées dans l’ouvrage.
Idée fausse n° 1 « C’est pas si compliqué d’accéder à ses droits »
Toutes et tous ont de nombreux récits autour de difficultés rencontrées pour accéder simplement à leurs droits. L’un d’eux explique ainsi qu’il bénéficie aujourd’hui d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) et est allocataire de l’AAH (Allocation aux adultes handicapés). « J’avais commencé les démarches il y a quelques années, mais c’était très compliqué, il fallait voir beaucoup de médecins, alors j’ai arrêté. La complexité de monter les dossiers est telle que tu abandonnes. Mais, pour survivre, tu dois travailler, et quand tu n’as pas de qualifications spécifiques, tu restes dans le domaine que tu connais, donc cela continue de t’abîmer… Si tes droits ne te sont pas accordés au bon moment, ta situation ne fait que se dégrader », explique-t-il.
Idée fausse n° 9 « Les pauvres ne savent pas gérer leur argent »
« Quand tu as 10 euros pour trois ou quatre personnes par jour, la gestion est obligée », s’insurgent les militants Quart Monde. « On gère par nécessité, on n’a pas le choix », ajoutent-ils. Ils invitent les personnes qui pensent, et diffusent cette idée, à « prendre la place de celui qui est au RSA, pour voir s’il vit mieux que lui ».
Idée fausse n° 10 « Les pauvres ne paient pas de taxes et d’impôts »
« Tous les jours, nous payons la TVA, autant que les autres, mais c’est plus contraignant pour notre budget », constatent les membres du groupe d’appui du CNLE. « Si j’achète un pull, je paye 20 % de taxes, comme tout le monde, que je touche 500 ou 20 000 euros de salaire par mois, c’est pénalisant pour celui ou celle qui a peu de moyens. »
Idée fausse n° 12 « La mixité sociale nuit à la réussite scolaire »
De nombreuses études montrent que la mixité sociale favorise une plus grande égalité des chances et une meilleure cohésion sociale. Des faits confirmés par l’expérience vécue des militants Quart Monde. « Quand on est arrivé dans mon HLM, j’ai rencontré des enfants de ma condition sociale et des fils de professeurs, de responsables de magasin… En les côtoyant, j’ai trouvé ce que je n’avais pas chez moi : des livres. Moi, je leur apportais un regard différent et cela ne les a pas fait régresser. La rencontre ne peut que t’enrichir », souligne l’un d’eux.
Retrouvez le livre En finir avec les idées fausses sur le site des Éditions Quart Monde.
Cet article est extrait du dossier du Journal d’ATD Quart Monde de janvier 2025.
Photo : Idée fausse n° 5 : « Il suffit de traverser la rue pour trouver du travail » illustrée par Philippe Geluck