La Ville de Lille, avec ATD Quart Monde et le Département du Nord, ont rendu hommage à Geneviève de Gaulle Anthonioz, avec une série d’événements mettant en lumière sa vie d’engagements et de dévouement. Le 14 octobre, une rue à son nom a ainsi été inaugurée, une exposition a été présentée dans le hall de l’Hôtel de ville et une Université populaire Quart Monde s’est réunie autour du thème “Résister à la grande pauvreté”.
Au cœur du quartier de Lille-Sud, à quelques mètres de l’esplanade Joseph Wresinski, la maire de Lille, Martine Aubry a tenu à rendre hommage à “une grande dame”, Geneviève de Gaulle Anthonioz, en inaugurant une rue à son nom. “Quand je me sens un peu pessimiste sur l’état du monde et de notre pays, je pense à ce qu’elle disait, parce qu’elle portait toujours la confiance en l’homme”, a-t-elle affirmé en dévoilant la plaque de la rue, devant une centaine de personnes réunies pour l’occasion, le 14 octobre.
Elle s’est souvenue notamment de leurs longues discussions pour préparer la loi de lutte contre les exclusions adoptée en 1998, alors qu’elle était ministre de l’Emploi et de la Solidarité et que Geneviève de Gaulle Anthonioz était présidente d’ATD Quart Monde.“Elle a fait tout de suite un lien entre ce qu’elle a vécu dans le camp de concentration de Ravensbrück et ce que vivaient ces hommes et ces femmes dans le bidonville de Noisy-le-Grand. Elle a décidé d’agir pour eux, pour porter haut les droits des plus pauvres et non pas la charité express qui donne bonne conscience, mais qui ne résout rien sur le fond”, a poursuivi la maire de Lille. Avant de conclure : “Même si j’ai du mal aujourd’hui à rester dans son état d’esprit, essayons de continuer à se dire que, si on se bat pour plus de fraternité et de solidarité, peut-être que cela ira mieux”.
“Une vision actuelle de nos combats”
Devant de nombreux militants Quart Monde, alliés et volontaires permanents, ainsi que d’autres membres de sa famille, le petit-fils de Geneviève de Gaulle Anthonioz, Xavier Anthonioz, a rappelé pour sa part les combats de sa grand-mère, “d’abord contre le régime nazi, ensuite contre les exclusions et la grande pauvreté”. Pour lui, “cet hommage n’est pas une fin en soi, mais un encouragement à poursuivre ensemble ce combat”.
Dans ce quartier de Lille où ATD Quart Monde est présent depuis les années 1980, Marie-Aleth Grard, présidente d’ATD Quart Monde, a constaté que Geneviève de Gaulle Anthonioz “avait une vision très actuelle de notre combat”. Elle a ainsi cité celle qui a présidé le Mouvement pendant 34 ans : “Il faut compter sur les capacités d’ouverture et de générosité des hommes. Évidemment, il faut être optimistes. Je ne peux pas faire autrement que de continuer dans le sens que j’ai choisi, parce que je n’en vois pas d’autre”.
“Résister, c’est refuser l’inacceptable”
L’optimisme de Geneviève de Gaulle Anthonioz est également très présent dans l’exposition présentée dans le hall de l’Hôtel de ville de Lille, du 14 au 21 octobre, retraçant sa vie et son parcours. Ce projet, intitulé “À la rencontre de Geneviève de Gaulle Anthonioz ou le refus de l’inacceptable”, a été lancé par le Département du Nord et ATD Quart Monde. Des ateliers créatifs ont été organisés avec les militants Quart Monde, ainsi que des visites à la Maison natale Charles de Gaulle, aux Archives départementales du Nord et au Centre de mémoire et de recherche Joseph Wresinski, à Baillet-en-France. L’exposition rassemble des photographies, des documents d’archives, des extraits de films, des œuvres d’art, ainsi qu’une Bibliothèque de rue pour accueillir les enfants entre 3 et 10 ans.
Après avoir découvert l’exposition, les membres d’ATD Quart Monde se sont retrouvés pour une Université populaire Quart Monde sur le thème “Résister à la grande pauvreté”. Les groupes de Béthune, Maubeuge, Boulogne, Lille, Valenciennes et Armentières avaient ainsi réfléchi au sens du mot “résister”, mais aussi à la manière dont chacun et chacune fait preuve de résistance pour combattre une situation de pauvreté.
“Résister, c’est exister, c’est prendre son courage à deux mains, c’est tenter de marcher à l’opposé, c’est refuser cette société injuste, c’est sortir de mon confort, regarder l’autre avec bienveillance et essayer de mettre mes compétences au service de ceux qui en ont le plus besoin, c’est croire en la solidarité et à l’homme”, a-t-on ainsi pu entendre. Pour l’invitée de cette Université populaire Quart Monde, Marie-Aleth Grard, résister c’est également “oser dire que l’on n’est pas d’accord quand on montre du doigt ces personnes qui ont la vie si difficile”. Elle a ainsi invité l’ensemble des participants à “oser résister là où vous êtes, à dire que nous ne pouvons pas laisser qui que ce soit de côté”, à l’image de Geneviève de Gaulle Anthonioz.
À savoir
L’hommage à Geneviève de Gaulle se poursuit avec la projection du film « Geneviève de Gaulle ou l’engagement » de Michel Anthonioz et Alain Lasfargues, suivie d’un débat, vendredi 20 octobre à 20h au Fresnoy-Studio national des arts contemporains, 22, rue du Fresnoy à Tourcoing. Entrée gratuite
Photos : Inauguration de la rue Geneviève Anthonioz-de Gaulle, puis de l’exposition “À la rencontre de Geneviève de Gaulle Anthonioz ou le refus de l’inacceptable”, et Université populaire Quart Monde à l’Hôtel de ville de Lille, le 14 octobre. © Michel Thoris