Dessin de Gwenaël de Bonneval pour Le Livre de Poche pour illustrer Demain sera beau.

[DOSSIER] Réinventer le futur : un défi, 15 récits

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Les Éditions Quart Monde et Le Livre de Poche ont publié le 12 mars le recueil de nouvelles Demain sera beau, qui imagine un « futur désirable » en 2057. Quinze courtes fictions invitent les lectrices et lecteurs à se créer des imaginaires communs pour se mettre ensemble face aux défis environnementaux.

L’idée a germé au début de l’année 2024. « On avait envie d’imaginer des futurs désirables, de redonner l’envie de militer et de toucher le cœur des gens grâce à la fiction », explique Chloé Herla, responsable des Éditions Quart Monde. L’appel à textes est lancé en mars : « Imaginez : nous sommes en 2057. Après une période de remise en cause et de bouleversements, notre rapport au monde et à la nature s’est modifié. Inventez une histoire où les savoirs et les expériences des plus pauvres ont une place centrale ». Pour rendre ludique l’exercice littéraire, chaque nouvelle devait comporter une série de mots, tels que « lentille », « Geneviève » ou encore « dignité ». L’objectif est de créer « des façons nouvelles de vivre ensemble ». « Nous voulions éviter le côté culpabilisant ou anxiogène du discours sur le changement climatique et permettre aux gens de rentrer de manière positive dans le sujet, pour penser un avenir respectueux de la planète et des humains », souligne Anne-Marie De Pasquale, membre de la délégation nationale d’ATD Quart Monde.

Début septembre, près de 130 textes ont été reçus, écrits parfois par des collectifs, par des membres d’ATD Quart Monde, mais aussi des auteurs et autrices ne connaissant pas le Mouvement. « Nous voulions une grande variété des profils pour que le recueil soit composé d’une belle diversité et que tous les lecteurs trouvent au moins un texte qui les fasse vibrer », précise Chloé Herla.

Un jury, composé de membres d’ATD Quart Monde et de personnalités du monde littéraire et journalistique, se réunit pendant plusieurs heures pour choisir quinze nouvelles. « Tout le monde s’est pris au jeu et défendait ses textes, tout en restant à l’écoute des autres. C’était intéressant de voir des gens qui venaient de milieux très différents se retrouver sur une nouvelle », ajoute Céline Vercelloni, co-responsable du département Écologie et grande pauvreté d’ATD Quart Monde.

Ouverture à de nouveaux horizons

Sensible aux combats d’ATD Quart Monde, Le Livre de Poche accepte de soutenir le livre et le publie avec la mention « Un livre acheté, une Bibliothèque de rue soutenue ». Il s’agit ainsi de « mettre en avant l’accès à la lecture et à la culture, l’ouverture à de nouveaux horizons », explique Chloé Herla.

Publié le 12 mars, le recueil doit permettre de « lutter contre les discours défaitistes ou le déni de la crise environnementale et de se dire qu’ensemble, on peut imaginer autre chose », poursuit-elle. Les lectrices et lecteurs sont invités à s’en emparer, à s’approprier les textes pour en faire des lectures publiques, des pièces de théâtre, à les illustrer, à en imaginer de nouveaux… « L’imagination peut prendre forme sur de multiples supports. Même les nouvelles qui n’ont pas été retenues peuvent vivre autrement », affirme la responsable des Éditions Quart Monde. « Dans cette période morose, ce livre ouvre d’autres portes sur l’avenir. Chacune et chacun peut y trouver des éléments qui résonnent dans sa vie », conclut Céline Vercelloni.

 

« Être lu pour donner plus d’espoir pour le futur »

Près de 200 auteurs et autrices ont répondu à l’appel à nouvelles et se sont plongés dans la création d’un nouveau monde, plus solidaire.

Pendant plusieurs séances, les membres de l’atelier numérique d’ATD Quart Monde à Reims se sont creusé la tête pour imaginer ce monde dans lequel les plus riches ont quitté la terre, dévastée, pour vivre dans des « capsules spatiales ». Émilie Izla, Raymonde Languet et Chantal Rios, militantes Quart Monde, ont été soutenues par Soraya Brière, Nadège Caron, Michèle Coulon et Michelle Olivier pour se familiariser d’abord avec la science-fiction.

Puis elles se sont mises dans la peau de leur personnage, Geneviève, qui a « préféré rester sur terre, avec les plus pauvres, pour partager leur quotidien ». Le récit de la création de ce nouveau monde, dans lequel « on apprend par la pratique, en assistant celui ou celle qui sait déjà », a fait naître des discussions, parfois mouvementées, sur leur propre quotidien. Toutes ont été très fières d’apprendre que leur nouvelle était sélectionnée. Cette aventure leur a donné le goût de l’écriture et elles se sont lancées, depuis, dans un travail sur l’écriture autobiographique.

Nicolas de Torsiac a quant à lui l’habitude de participer à des concours de nouvelles. Mais il était particulièrement heureux que son texte soit sélectionné. « On écrit pour être publié et lu, mais c’est formidable d’être lu pour donner un peu plus d’espoir pour le futur », précise-t-il. Il a puisé son inspiration dans les maraudes auxquelles il a participé pendant une dizaine d’années. « Je voulais montrer qu’on ne se rend pas toujours compte qu’à notre échelle, sur un bout de rue, un bout de trottoir, on peut changer, parfois révolutionner, la vie d’au moins une personne et, en faisant cela, on se fait du bien aussi à soi-même », affirme-t-il.

Un jury à l’écoute de propositions « pour habiter le monde autrement »

Pour les onze membres du jury, venus d’horizons très différents, la sélection des nouvelles n’a pas toujours été simple, même si toutes et tous ont su s’écouter et bâtir un ouvrage qui les satisfait.

« Ce qui a guidé mes choix, c’est plutôt une voix singulière. J’ai aimé les récits qui ne proposaient pas forcément de revenir au temps des charrettes ou au contraire d’être dans de grands buildings entourés d’intelligence artificielle », affirme Aurélie Valognes, à l’issue des délibérations du jury. L’autrice de romans qui ont connu de grands succès comme Mémé dans les orties, a « surtout aimé certaines écritures très pudiques et ciselées ». « Il nous appartient d’imaginer le monde de demain, de donner à voir des avenirs possibles et désirables. Pour faire renaître l’espoir. La machine est en marche. Saviez-vous que les révolutions se déclenchent à partir du moment où 3 % de la population adhère au projet et œuvre dans le même sens ? », écrit-elle dans la préface du livre.

Une ambiance bienveillante

Patricia Daran, militante Quart Monde, est fière que les nouvelles qu’elle a défendues aient été sélectionnées dans l’ouvrage. « La plupart étaient très justes, parlaient de l’essentiel, de la nature. J’ai trouvé dans certaines nouvelles de l’humour et de la poésie, c’était très beau », explique-t-elle. Elle conseille à tout le monde de « lire les 15 nouvelles, pour ne pas voir le thème par le petit bout de la lorgnette, mais dans sa globalité ». Pour Myriam Boulahia, militante Quart Monde, la participation au jury a été l’occasion « de faire une pause dans le quotidien, de prendre une autre respiration ». Même si elle trouve que ce n’est pas simple de s’imaginer le monde en 2057, elle a aimé se plonger dans la lecture de ces récits et défendre ceux qui l’ont marquée. « C’est un peu déstabilisant au début de parler devant les autres membres du jury, mais il y avait une très bonne écoute », se souvient-elle.

C’est aussi le sentiment de Gwen de Bonneval, dessinateur et scénariste de bande dessinée. L’auteur notamment de Philiations a apprécié « ne pas avoir d’a priori avant de lire les textes, qui étaient tous anonymes. C’était intéressant de savoir que tout le monde pouvait participer, que l’on soit très aguerri en termes d’écriture ou non ».

Habité lui-même par « pas mal d’inquiétudes sur l’état du monde en général et particulièrement sur le plan écologique », Gwen de Bonneval estime « qu’on ne peut pas changer le monde si on n’imagine pas d’autres propositions. On peut s’emparer d’une voix, d’un récit qui permet, plus collectivement, d’habiter le monde autrement. Mais on ne sait pas pour l’instant si cela est réellement possible. L’avenir nous le dira ».

Les 11 membres du jury :

Florence Aubenas, écrivaine et grand reporter

Myriam Boulahia, militante Quart Monde

Gwen de Bonneval, dessinateur et scénariste de bande dessinée

Céline Caubet, volontaire permanente d’ATD Quart Monde

Patricia Daran, militante Quart Monde

Anne-Marie De Pasquale, membre de la délégation nationale d’ATD Quart Monde

Marie Desplechin, écrivaine et journaliste

Hervé Kempf, auteur, journaliste et directeur de la publication de Reporterre

Alix Orhon, éditrice, Le Livre de Poche

Mathieu Pâté, allié d’ATD Quart Monde

Aurélie Valognes, écrivaine

Ce dossier est extrait du Journal d’ATD Quart Monde d’avril 2025.

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