L’accès digne à une alimentation durable et de qualité est une préoccupation partagée par de nombreuses associations. Des membres du Secours Catholique et de Médecins du Monde ont participé au séminaire des Universités populaires Quart Monde en septembre 2025 pour croiser leurs constats avec ceux d’ATD Quart Monde.
« Les produits les moins chers sont toujours situés en bas dans les rayons des supermarchés, donc on fait nos courses accroupis. Il y a une question de dignité qui n’est pas respectée là-dedans. » Cette phrase, prononcée par une personne concernée par la précarité alimentaire, a marqué Laurent Seux, responsable du programme Ensemble bien vivre, bien manger au Secours Catholique. En écoutant les réalités de vie partagées lors du séminaire des Universités populaires Quart Monde, il estime qu’il est « urgent de faire changer le système pour que tout le monde ait accès à une alimentation de qualité ».
Au quotidien, Laurent Seux se bat contre les « petites phrases » qui mettent la pression aux personnes concernant leur alimentation : « Manger cinq fruits et légumes par jour », « C’est au consommateur de choisir ce qui est bon, s’ils n’achètent pas les produits de mauvaise qualité, le système changera »… Trop souvent entendues, ces paroles sont « très culpabilisantes quand on n’a pas l’argent pour répondre à ces injonctions. Ce n’est pas juste de faire reposer le poids du changement sur la responsabilité individuelle », souligne-t-il. Laurent Seux constate ainsi que de nombreuses associations, dont le Secours Catholique, développent des projets localement pour tisser davantage de liens entre les producteurs et les consommateurs, avec des groupements d’achats, des cuisines et des jardins partagés… Mais ces expériences « ne suffisent pas à faire changer les choses. Il y a des problèmes à résoudre dans toute cette chaîne qui va de la terre à la distribution des aliments », précise-t-il.
« Une responsabilité collective »
Clément Étienne, travailleur social pour Médecins du Monde auprès des personnes habitant dans des bidonvilles, partage ce constat. Il existe ainsi « une responsabilité collective. Il faut se poser la question d’un projet de société », affirme-t-il, en évoquant notamment l’idée de la sécurité sociale de l’alimentation, expérimentée dans plusieurs villes en France. Objectif de ce dispositif : garantir à chacune et chacun une alimentation de qualité, adaptée à ses besoins, quels que soient ses moyens, tout en soutenant une agriculture locale et durable, avec une rémunération juste pour les productrices et producteurs.
En attendant la mise en place de solutions concrètes, l’alimentation « est une question de survie » pour de nombreuses personnes et peut avoir « des répercussions importantes sur le bien-être de manière globale », rappelle-t-il. « Nous parlons beaucoup de la santé physique et des maladies comme le diabète ou l’obésité, mais cela a aussi un retentissement sur la santé psychique. Se dire qu’on n’a pas l’argent pour bien se nourrir, qu’on n’a pas le choix, cela engendre du stress, de l’anxiété, potentiellement de la dépression », poursuit Séverine Beyer, référente « Santé-Environnement » pour Médecins du Monde.
Suite à leurs échanges avec les membres des Universités populaires Quart Monde, ces trois professionnels s’accordent pour pointer l’indispensable participation des personnes directement concernées pour parvenir à un changement de système alimentaire global.
