Un atelier d’écriture créative est organisé une fois par mois à la Maison Quart Monde de Paris. Le 10 janvier dernier, les participants se sont inspirés d’un texte de Nathalie Bénézet pour écrire leur propre récit.
À 14h30, Claudine arrive, un peu essoufflée, à la Maison Quart Monde de Paris, avec un gros sac à dos. Elle doit prendre un train en fin d’après-midi, mais il était hors de question pour elle de rater cet atelier d’écriture. « Je n’ai pas trop le moral en ce moment, mais quand je suis là, je suis bien », explique-t-elle, en s’installant à la grande table, où se trouvent déjà Stéphanie, Marie-Françoise et Brahima, qu’elle connaît. Claude, un nouveau participant, les rejoint peu après.
Depuis trois ans, cet atelier réunit chaque mois entre cinq et dix personnes. L’objectif est de « leur permettre de s’exprimer avec plaisir par l’écrit, de produire des textes dont elles soient fières », explique Geneviève, co-animatrice de l’atelier. Il s’agit aussi de « permettre aux participants de découvrir des auteurs et des textes littéraires de haut niveau, relativement faciles d’accès en termes de langage et appropriés en termes d’expérience, pour que chacune et chacun puisse entrer en relation avec l’auteur présenté », poursuit-elle.
Le partage d’une passion
Des textes de Victor Hugo, Pablo Neruda ou encore Annie Ernaux ont notamment fait l’objet d’un atelier. « Ici, on partage nos amis, notre passion », s’exclame Brigitte, également co-animatrice. À chaque séance, les participants découvrent ainsi une œuvre et composent un texte personnel s’en inspirant. Ce 10 janvier, ils sont heureux de pouvoir, en plus, discuter directement avec l’autrice : Nathalie Bénézet, volontaire permanente à ATD Quart Monde, est venue présenter son livre La femme minérale. Avec la technique de l’arpentage, chaque personne doit d’abord en lire un extrait différent en silence. « On va se soutenir pour la lecture. Puis chacun va raconter son extrait aux autres et l’histoire va peu à peu se reconstituer », annonce Geneviève. Cette manière de faire surprend Claude. « Je suis un peu perdu. Je relis mon extrait à chaque fois que quelqu’un parle, et je comprends quelque chose de différent. C’est costaud ce texte », constate-t-il.
Rapidement, il cerne mieux l’histoire de ce couple dont les enfants ont été placés et qui se bat pour effacer le mot « maltraitance » de son dossier judiciaire. « Est-ce que c’est une histoire imaginaire ? », demandent plusieurs participants. Avant même que Nathalie ne réponde, Stéphanie s’exclame : « On ne peut pas bien parler de la pauvreté, si ce n’est pas vrai ».
Après la lecture et la discussion autour de l’œuvre, c’est maintenant aux participants de se lancer dans l’écriture. La consigne n’est pas facile : « ‘On avait beaucoup d’amour à donner’, dit la mère dans l’un des extraits. Imaginez la suite de cette phrase ». Autour de la table, toutes et tous se penchent sur leur feuille blanche avec une réelle envie de s’exprimer. Le mot d’ordre est « écrire, sans se tracasser ». Chaque personne lit ensuite son texte, soutenue par le regard et les commentaires positifs des autres.
À la fin, Claude est content de cette première expérience : « On a pensé tous ensemble la même histoire. C’est un très beau moment ». Stéphanie, quant à elle, est ravie d’avoir pu rencontrer une autrice. « Ici, je découvre des choses avec tout le monde, ce n’est pas l’école. Je me sens revivre, il y a de la joie et je suis comme une enfant quand je lis », explique-t-elle. Toutes et tous s’accordent pour dire que cet atelier d’écriture est un « espace de liberté ».
La femme minérale, Nathalie Bénézet, Éditions Maurice Nadeau, 120 p.
Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de février 2025.
Photo : Atelier d’écriture le 10 janvier à la Maison Quart Monde de Paris, 29 rue de Tanger. © ATD Quart Monde