Depuis le début de l’année, les membres de l’Université populaire Quart Monde de la région Auvergne-Rhône-Alpes se penchent sur un thème précis : « Le climat change. Comment lutter avec les plus pauvres contre les inégalités climatiques ? ». Ils sont notamment allés « à la rencontre de personnes qui agissent pour le bien de la planète » et ont présenté leur travail lors de l’Université populaire Quart Monde du 6 avril, à Lyon.
Pendant plusieurs semaines, ils ont poussé la porte de restaurants solidaires, de ressourceries, d’exploitations agricoles ou encore de collectifs visant à transformer l’espace urbain en potager gratuit, pour mieux comprendre comment cela fonctionne. Le 6 avril dernier, qu’ils soient de Lyon, de Clermont-Ferrand, Villefranche-sur-Saône, Grenoble, La Mure, Chambéry ou encore Francheville, les militants Quart Monde, alliés et volontaires, étaient fiers de présenter la courte vidéo réalisée par chaque groupe pour expliquer pourquoi le lieu choisi « fait du bien à la planète et à ses humains ».
Les conséquences très concrètes du réchauffement climatique
À Lyon, le petit groupe est ainsi parti à la rencontre d’une entreprise de réparation et de revente des appareils électroménagers. « Ça m’a fait grandir, parce que je ne savais pas que ça pouvait exister. Non seulement ils font pour la planète, mais ils font aussi pour nous et c’est important qu’on puisse faire découvrir des choses comme ça à des gens qui sont vraiment dans la difficulté », a expliqué Chantal. Alain a quant à lui rappelé l’importance de l’électroménager pour conserver les aliments et les cuisiner. « Quand on n’a pas de frigidaire, on ne peut rien garder. Le fait d’acheter tous les jours en petites quantités coûte quatre à cinq fois plus cher. C’est terrible pour les plus pauvres », a-t-il précisé.
L’un des groupes a choisi de montrer un accueil de jour, parce que « si on prend soin des humains, on prend soin de la planète », a soutenu Greg. Plusieurs participants ont acquiescé et rappelé la nécessité de ce type de lieu pour prendre un café, une douche, laver son linge, mais aussi partager des moments conviviaux.
Les participants à l’Université populaire Quart Monde ont ensuite pu exprimer ce qu’ils avaient retenu de ces différentes initiatives à l’invitée du jour, Agnès Thouvenot, adjointe au maire de Villeurbanne, déléguée à la transition écologique, l’urbanisme et l’habitat. Ils ont échangé avec elle sur la question de l’alimentation dans les écoles, sur la place des voitures dans les villes, ou encore l’impact de la pollution sur la santé. Agnès Thouvenot s’est en effet étonnée de ne pas retrouver davantage le thème de la santé dans les présentations des militants Quart Monde. « Le réchauffement climatique, ce n’est pas simplement de la théorie, ce n’est pas simplement pour nous faire peur, mais cela a des conséquences très concrètes sur notre vie quotidienne et notamment sur notre santé. Et c’est une vraie menace », a-t-elle expliqué.
Des projets inclusifs
La question de la participation des personnes en situation de pauvreté a ensuite été posée. « Tous les projets dont on a parlé s’adressent à tous. Pour que ça marche, il faut qu’ils soient pensés avec et pour les plus pauvres et ce n’est pas facile de ne pas les perdre en route. Mais ces projets deviennent inclusifs et créent une société où on est vraiment plus liés les uns avec les autres », a souligné Sophie.
Pour l’élue de Villeurbanne, sa ville est « championne de la participation », mais, dans les nombreuses réunions publiques auxquelles elle participe, elle regrette de voir « toujours les mêmes personnes ». « Il faut se donner la chance de venir voir des gens différents, qu’on n’avait pas prévus de voir. Et puis, il faut s’organiser collectivement pour que les personnes en situation de pauvreté, sur une question particulière, puissent s’exprimer dans un cadre qui soit sécurisant », a-t-elle détaillé. Les participants ont pointé la problématique des transports en commun, ne permettant pas toujours de se rendre à une réunion publique le soir, le manque d’informations et de consultations des citoyens, le manque d’écoute et de bienveillance dans l’animation des conseils citoyens…
« Comment est-ce qu’on touche les gens ? Si vous avez la solution, moi, je la prends, parce qu’aujourd’hui on fait des milliers d’affichages, de tracts dans les boîtes aux lettres, et ça ne passe pas. Ce qui passe, c’est quand les gens se sentent concernés et savent qu’ils vont être écoutés. Cela veut dire que, soit nous, les politiques, on ne les écoute pas. Soit, on ne se rencontre pas », a regretté Agnès Thouvenot.
Pendant ces deux heures d’Université populaire Quart Monde, la rencontre a cependant bien eu lieu et les militants Quart Monde ont pu exprimer toutes leurs préoccupations. Ils se retrouveront le 29 juin pour poursuivre leurs réflexions sur le changement climatique.
Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de juin 2024.