Guendouz Bensidhoum, volontaire permanent et peintre, a présenté du 28 octobre au 27 novembre trois de ses œuvres au centre culturel des Coteaux, à Mulhouse. Il a invité les visiteurs à s’exprimer sur leur histoire et à partager leurs regards sur leur quartier.
« Est-ce qu’on a le droit d’avoir plusieurs émotions en regardant le tableau ? », demande timidement Mimount. Avec sa classe de CM1-CM2 de l’école Simone Veil, elle est venue découvrir l’œuvre de Guendouz Bensidhoum exposée au centre social AFSCO, à Mulhouse. Assis devant l’un des immenses tableaux, les enfants évoquent la multitude d’émotions que provoque chez eux cette peinture. Patiemment, le volontaire permanent répond à toutes leurs interrogations. « J’ai fait un travail de peinture pendant six ans, à partir des souvenirs de la ville où j’ai grandi, de la cité qui a été démolie ensuite et de mes amis. Je voulais leur rendre hommage, les faire exister avec beauté », explique-t-il.
« Nous aussi, on avait un stade en bas de chez nous, mais ils l’ont cassé pour construire une école », s’exclame Redan. Une partie du quartier des Coteaux doit en effet être réaménagée, et plusieurs immeubles vont être détruits. Les visiteurs de l’exposition, enfants et adultes, ont ainsi été amenés pendant un mois à prendre la parole pour évoquer la mémoire de ce lieu et partager leurs questions sur son avenir. Grâce au soutien de la Cité éducative Mulhouse Coteaux et de l’Éducation nationale, le projet a rencontré un grand succès.
Des souvenirs et des rêves
Après avoir découvert les trois tableaux « Enfance », « Adolescence » et « Âge adulte » de l’œuvre intitulé « Ces vies que je ne veux plus taire », les enfants de l’école Simone Veil sont invités à constituer deux groupes : les uns vont faire un travail d’écriture avec leur maîtresse, pour décrire les peintures ; les autres vont réaliser leur propre fresque. « Votre histoire, elle a de l’intérêt. Je vous parle de mon enfance, comme la vôtre aujourd’hui. Vous pouvez faire de vos histoires une œuvre d’art », indique Guendouz Bensidhoum. Devant la feuille blanche, des élèves hésitent, n’osent pas trop se lancer. « Quand on peint, il faut se sentir libre. On n’est pas obligé de décrire la réalité, on peut rêver », leur lance-t-il.
Redan décide de dessiner un drapeau français. Noor esquisse un immeuble en feu, souvenir d’un incendie dans le quartier il y a quelques années. Arin commence une petite bande dessinée relatant son arrivée du Kurdistan, en 2017, jusqu’à son futur déménagement dans une maison, en 2025.
Plusieurs enfants dessinent des personnages de jeux vidéo ou de la nourriture. Toutes et tous se retrouvent ensuite devant une grande toile avec leurs pinceaux. Leurs dessins se rencontrent et s’entremêlent, avec l’aide de Laurence Mellinger, artiste plasticienne. Toutes les toiles réalisées devraient, dans quelques mois, être exposées ensemble pour garder une trace de ce quartier, mais aussi des rêves et des souvenirs de ses habitants et habitantes.
Photo : Atelier au centre social AFSCO autour de l’œuvre « Ces vies que je ne veux plus taire ». © ATD Quart Monde