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Rencontre Archipel : reprendre ensemble le pouvoir sur l’alimentation avec les personnes les plus pauvres
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Le mercredi 4 et le jeudi 5 juin, Véronique, Gabin et Chantal, trois militants Quart Monde de la Maison Partagée de Nogent-le-Rotrou, ont participé avec l’équipe Écologie et Grande Pauvreté à un atelier dans le cadre d’une rencontre d’Archipel à Lyon. Il s’agit d’une communauté de recherche qui organise entre autres des espaces de discussion réunissant des personnes intéressées autour de l’écologie. ATD Quart Monde participe aux rencontres d’Archipel depuis sa création en 2022.
Pour cette édition des rencontres Archipel, un groupe de travail s’est formé autour des thématiques de l’alimentation, de la santé et de la démocratie. Cette dernière réunissait chercheurs et acteurs de terrain, dont les militants Quart Monde mais aussi Jaoued Doudouh, membre de Pas Sans Nous, association qui porte la voix des quartiers populaires, et Myriam Mininno, impliquée dans le lancement d’une expérience de Sécurité Sociale de l’Alimentation (SSA) à Grenoble.
Les militants Quart Minde de Nogent-le-Rotrou ont préparé cette rencontre pendant plusieurs mois, en lien avec l’équipe Écologie et Grande Pauvreté. Afin de se nourrir des expériences et connaissances de chacun, et dans le but d’arriver à définir des objectifs communs, Véronique, Gabin et Chantal ont été invités dans un premier temps à présenter l’initiative du Petit Marché Partagé, à Nogent-le-Rotrou.
Tous les jeudi après-midi, des militants tiennent un marché et vendent à prix libre (à partir de 0€) des invendus de producteurs bio et locaux. Ce projet se veut une alternative à l’aide alimentaire, mais aussi à la grande distribution. Une forme d’échange avec les producteurs a été aussi réfléchie par les alliés et militants Quart Monde pour que ces producteurs soient payés ou récompensés dignement.
De son côté, Jaoued Doudouh de l’association Pas Sans Nous, a notamment partagé l’expérience d’un groupe de jeunes dans un quartier de Grenoble. Ces jeunes ont organisé leur propre caisse pour donner à manger, dans l’urgence, à une trentaine de familles, avec soin et dignité.
Des pistes de réflexion
Ainsi, par la confrontation d’idées et d’expériences, des questions essentielles sur les solutions à mettre en place ont émergé. Par exemple, comment concilier le temps court de l’urgence et le temps long du changement structurel du système ? Comment aller vers une alimentation saine et digne, et en même temps se tourner vers les plus exclus ?
Déjà occupés par ces sujets, les militants de Nogent-le-Rotrou ont creusé des pistes de réflexion supplémentaires.
« À Nogent, on a quelque chose de bien construit, mais on voit aussi qu’il y a des urgences alimentaires et la priorité, c’est de manger tout simplement. Nous aussi on a du mal à toucher les plus isolés, les plus précaires », a témoigné Chantal. Suivie par Véronique, qui s’occupe toutes les semaines du Petit Marché Partagé : « Si je n’avais pas fait le petit marché, je n’aurais pas pu manger bio parce que mon porte-monnaie ne suit pas. J’irais au supermarché. Beaucoup de personnes à Nogent ou ailleurs sont comme moi ».
Au fil des discussions, les militants Quart Monde ont tenu à souligner qu’au cœur des initiatives alimentaires, comme la Sécurité Sociale de l’Alimentation, il doit y avoir avant tout les personnes les plus pauvres. « Elles doivent être autant dans le processus que les associations, que les chercheurs. Il faut commencer par elles, entendre la pensée des plus pauvres, ce qu’ils ressentent, ce dont ils ont envie », a précisé Chantal.
Autre objectif : « faire en sorte que l’alimentation ne soit pas utilisée pour faire du profit », a ajouté Gabin, en donnant l’exemple de la défiscalisation des dons alimentaires par les grandes surfaces. Mais alors, comment faire entendre la voix de tout le monde dans ces démarches ? Comment penser la pérennité de ces modèles et le lien avec les institutions ? Comment éviter que ces initiatives soient dénaturées et comment reprendre ensemble le pouvoir sur les moyens de production et sur la consommation ? Ce sont certaines des questions qui ont animé les participants et qui les ont guidés. Irène Fodero
