“On va dans le mur si on ne tient pas compte de la parole des plus pauvres”

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Alliée depuis quelques années à Chambéry, Sabine Buffin s’implique contre la misère dans sa vie professionnelle et personnelle.

Interculturel. Ce mot revient souvent dans la bouche de Sabine. La rencontre de plusieurs cultures, la réciprocité dans les échanges et l’ouverture à l’autre semblent être un moteur dans sa vie, depuis son enfance. Et si elle a “l’impression de ne pas être si active” au sein d’ATD Quart Monde, elle s’engage en réalité au quotidien pour construire une société plus juste.

J’ai toujours entendu mes parents prôner l’ouverture et l’accueil”, se souvient-elle. Jusqu’à l’âge de 15 ans, elle grandit entre la République démocratique du Congo et le Cameroun, où travaillent ses parents, un père urbaniste spécialisé dans les villes en voie de développement et une mère orthophoniste. À son retour en France, l’adolescente fait partie de groupes de réflexion pour “mieux faire tourner la planète”. Elle se tourne ensuite vers des études de commerce international à l’université. “On parlait beaucoup de finances. J’ai mon diplôme en poche, mais ça ne m’intéressait pas du tout, je n’ai pas continué dans cette voie”, avoue-t-elle en riant.

En 1992, Sabine repart au Cameroun avec son mari, étudiant en médecine, comme volontaire pour la Délégation catholique pour la coopération. Les deux années passées à l’hôpital de Tokombéré dans une zone rurale et très pauvre de l’extrême nord du pays sont déterminants dans la suite de son parcours.  “C’était un projet participatif extraordinaire. Le villageois était le premier acteur de sa santé.” Grâce à ce projet de développement global, elle participe à l’éducation sanitaire des habitants, à la prévention, coordonne les infirmiers qui interviennent dans les villages… “J’ai vraiment découvert ce que signifiait la communauté participative. Les habitants se cotisaient pour acheter le matériel nécessaire. Dans les comités villageois, la parole de chacun comptait.” Sur place, Sabine donne également des cours d’anglais et de français.

Ouverture vers l’autre

De retour en France, elle s’installe avec son mari à Lyon, puis à Chambéry, où elle vit depuis 24 ans maintenant. Elle décide de reprendre des études de Français langue étrangère. Une fois diplômée, elle travaille pendant plus de dix ans pour l’AEFTIS (Association pour l’enseignement du français aux travailleurs immigrés de Savoie ). “L’ambiance était très militante, avec beaucoup d’ouverture vers l’autre. Je me suis bien retrouvée dans ce poste”, se remémore-elle avec un peu de nostalgie. Elle donne des cours de français à des primo-arrivants migrants ou en regroupement familial, à des salariés étrangers… “C’était très concret. Ils voulaient pouvoir trouver un travail, se débrouiller dans la vie quotidienne, comprendre les consignes de sécurité pour les ouvriers du bâtiment…”

Mais peu à peu, le conseil régional arrête de financer l’association. Son emploi devient de plus en plus précaire, jusqu’au dépôt de bilan de l’AEFTIS, en 2011. “J’avais très peur de la précarité à ce moment-là, cela a été assez douloureux. J’étais divorcée, avec trois enfants. Je n’arrivais plus vraiment à voir où j’allais. J’ai eu cette angoisse, qui n’était peut-être pas fondée car j’étais bien entourée.”

Inclure les plus pauvres

Alors qu’une de ses dernières missions au sein de l’AEFTIS est de préparer des étudiants à l’oral du concours d’aide-soignant et d’infirmier, elle décide de tenter sa chance pour devenir infirmière. Pendant un an, à 45 ans, elle gère de front ses derniers cours à l’AEFTIS, la préparation du concours et ses trois filles, une semaine sur deux. Elle choisit aussi d’héberger un ami qui vit alors une situation très précaire, avec sa fille de 12 ans. “J’ai souvent hébergé du monde et je n’ai jamais regretté d’ouvrir ma porte. Si je ne l’avais pas accueilli, je n’aurais pas réussi mon année. Il m’a beaucoup aidée pour l’intendance de la maison.”

Après ses trois années d’école d’infirmière, Sabine commence à travailler au Centre hospitalier de Chambéry, à mi-temps à l’espace de santé publique et à mi-temps à la Pass (Permanence d’accès aux soins de santé). Ce lieu, créé par la loi de lutte contre les exclusions de 1998 portée par ATD Quart Monde, permet aux personnes en situation de pauvreté d’accéder aux soins, mais aussi d’être accompagnées vers le droit commun. “Il s’agit d’une prise en charge globale. On travaille énormément avec le réseau associatif. On fait des consultations en dehors de l’hôpital pour aller au plus près des personnes.” La Pass de Chambéry fait notamment partie du Collectif 17 octobre. Chaque année, avec la seconde infirmière du service, elle organise donc un stand dans le hall de l’hôpital pour la Journée mondiale du refus de la misère.

Elle a également été bénévole lors de la rencontre nationale des jeunes en Bourgogne, en août 2019. Au quotidien, les combats du Mouvement imprègnent l’ensemble de son parcours. “Pour moi, il est nécessaire de faire en sorte que les plus pauvres s’expriment, soient acteurs de la société, qu’on écoute leur expertise pour toutes les lois qui fondent la société. On perd énormément à ne pas entendre leur parole et on va dans le mur si on ne tient pas compte de tout ce pan de la société.”

C’est aussi ce qu’elle a transmis à ses filles : “Nous venons d’un milieu privilégié, notre voix compte, on nous entend, donc il faut en profiter pour inclure les autres et les aider à porter leur parole”. Pour approfondir sa réflexion, elle avoue qu’elle aimerait désormais “tenter l’aventure des Universités populaires Quart Monde, qui n’existent pas encore à Chambéry. Peut-être un nouveau défi à relever ?

Cet article est issu du Journal d’ATD Quart Monde de juillet-août.

Photo : © Sophie Buffin

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A sa création en 1988, le RMI (ancêtre du RSA) avait été fixé à 49 % du SMIC. Selon vous, quel pourcentage du SMIC représente le RSA aujourd'hui ?

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Les demandeurs d'asile peuvent percevoir les minima sociaux tels que le RSA.

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On estime que les émissions de CO2 des 10 % les plus aisés en France s’élèvent à 18,4 tonnes par an. A combien s'élèvent celles des 10% les plus modestes ?

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