Quatre militants Quart Monde font partie du conseil d’administration du Mouvement et présentent les comptes lors de l’assemblée générale.
Tout est parti d’une boutade de Micheline Adobati en 2021. “Quand on parle des comptes, je sors fumer une cigarette, parce que ça me gonfle. Je me méfie juste que le trésorier ne parte pas avec la caisse”, a en effet affirmé la militante Quart Monde, membre du conseil d’administration d’ATD Quart Monde pendant 12 ans. En entendant cela, Guillaume de Marcillac, alors trésorier, lui lance le défi de présenter les comptes du Mouvement avec lui lors de la prochaine assemblée générale. “Chiche”, répond Micheline Adobati, “mais avec l’ensemble des militants Quart Monde présents au conseil d’administration”. Le trésorier passe alors du temps à réfléchir avec Béatrice Navajas, la directrice du pôle administration et financement du Mouvement, aux sujets qu’il est possible d’approfondir différemment. “L’objectif était de se mettre en mouvement ensemble pour inventer quelque chose de nouveau, sans pour autant savoir où cela nous mènerait”, explique Guillaume de Marcillac.
Tous s’attellent à cette tâche avec un peu d’appréhension. Ils font en sorte de présenter les chiffres financiers de manière moins théorique, en se penchant par exemple très concrètement sur le coût de l’organisation d’une Université populaire Quart Monde. “Cela a permis aux militants de se rendre compte où passe l’argent : il en faut pour les déplacements, l’hébergement. Il y a les recettes, les dépenses… C’est bien pour que tout le monde comprenne que l’argent n’est pas jeté par les fenêtres ou mis dans la poche”, constate Micheline Adobati.
D’un engagement personnel à un combat collectif
Après beaucoup d’efforts et des heures de réunion, tous les membres du conseil d’administration ressortent fiers du travail accompli. “Les militants donnent de la force et du sens à mon engagement personnel autour des sujets financiers, qui valident nos choix. Ce sont en effet bien les actions et projets menés avec eux qui justifient le fait de manipuler de l’argent”, détaille Guillaume de Marcillac.
La présence de militants Quart Monde au sein du conseil d’administration est “primordiale”, pour Vincent Espejo-Lucas. Avant chaque réunion, il apprécie les temps de préparation avec la présidente du Mouvement, Marie-Aleth Grard. “On ne veut pas avoir l’air de toujours être les militants qui posent les questions bêtes. Cela nous permet de poser toutes nos questions entre nous, de nous préparer. On ose parler et être vrais. Ensuite, on n’a pas peur de ne pas être d’accord avec des alliés, on est à l’aise”, ajoute Élodie Espejo-Lucas, également militante Quart Monde et membre du conseil d’administration.
Le 25 mai dernier, après la présentation des comptes lors de l’assemblée générale, Guillaume de Marcillac, qui n’est plus trésorier d’ATD Quart Monde, a tenu à envoyer un message aux militants Quart Monde : “Votre insistance sur le fait que tout le monde doit se mobiliser sur le terrain pour contribuer au financement d’ATD Quart Monde est cruciale. Votre parole nous entraîne, pour collectivement travailler en ce sens.”
Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de juillet-août 2024.
Photo : Présentation des comptes lors de l’assemblée générale d’ATD Quart Monde à Nogent-le-Rotrou en 2023.© Bruno Rakedjian.