Depuis plus de 40 ans, les Festivals des savoirs et des arts sont l’occasion de montrer « qu’un autre monde est possible » en permettant à chacune et chacun de partager ses savoir-faire.
Nommés Temps forts jusqu’en 1985, puis Semaine de l’avenir partagé et enfin Festival des savoirs et des arts depuis le début des années 2000, ces événements sont, depuis leur création, « une chance formidable pour que l’ensemble d’un quartier se mette ensemble afin de vivre des temps de fête et d’ouverture mutuelle », explique Benoît Reboul-Salze, membre de la délégation nationale d’ATD Quart Monde. Qu’ils durent un jour ou une semaine, « ce sont des temps où l’on se dit qu’un autre monde est possible, une société où personne n’est exclu. La preuve, c’est qu’on est en train de le vivre », poursuit-il.
Les Festivals des savoirs et des arts ne s’adressent pas seulement aux enfants, mais bien à l’ensemble du quartier et au-delà. Chaque personne désireuse de faire connaître ses talents, que ce soit pour travailler le bois, l’informatique, ou encore la peinture est la bienvenue. Cela demande une préparation, pour apprendre à partager ses savoirs et à s’ouvrir aux autres, afin de « découvrir ce que cela veut dire de vivre la grande pauvreté : une réalité souvent difficile, qui est aussi pleine de joie, de talents, de fêtes… », décrit Benoît Reboul-Salze.
Pour le quartier qui reçoit le Festival des savoirs et des arts, c’est aussi une ouverture sur la ville, sur la nature autour. « L’exclusion, c’est de ne pas savoir qu’il y a la nature ou la beauté à portée de main et de rester enfermé dans son quartier. Participer à un festival, c’est découvrir qu’on n’est pas seul et que d’autres personnes peuvent nous rejoindre pour expérimenter de nouvelles possibilités ensemble », affirme-t-il.
Des occasions transformatrices
Ces instants de fêtes et de partage permettent également un changement de regard. Ainsi, à Rennes, lors d’un Festival des savoirs et des arts, des fresques ont été peintes. « Les habitants ont changé leur façon de voir leur quartier. Le reste de la ville, qui pouvait parfois avoir des paroles stigmatisantes sur ces lieux, a aussi vu qu’il était possible d’y vivre de belles choses », constate-t-il. Ce sont aussi parfois des expériences transformatrices au sein même d’une famille. « Lors d’un Festival des savoirs et des arts, les enfants ont pu peindre sur de vraies toiles, avec de la peinture à l’huile, accompagnés par des musiciens qui jouaient pour eux. Ils ont découvert des capacités insoupçonnées et le regard de leurs parents sur eux a changé », se souvient-il. Il évoque aussi les yeux remplis de fierté d’enfants voyant leur père jongler lors d’un atelier.
Pour Benoît Reboul-Salze, les Festivals des savoirs et des arts permettent donc de « toucher du doigt ce que pourrait être une société bâtie avec les personnes les plus pauvres et de faire en sorte qu’en ne les oubliant pas, on construise une société différente ».