Le 25 mars 2021, à l'occasion de la Nuit de la Solidarité à Paris, 400 tentes sont déployées place de la République par le collectif Réquisitions pour dénoncer l'inaction du gouvernement sur la situation des personnes exilées. © Utopia 56

« Le fait d’être exilé est un paramètre aggravant de non-accès aux droits »

Img journal atd

Abonnez-vous au journal d’ATD Quart Monde !

Et recevez de nos nouvelles chaque mois dans votre boîte aux lettres, tout en soutenant nos actions via votre abonnement.

Depuis 2015, l’équipe « Populations d’ici, populations d’ailleurs, un combat commun pour la dignité » rassemble les membres d’ATD Quart Monde engagés avec des personnes d’origine étrangère. Leurs connaissances et leurs analyses alimentent la campagne contre la maltraitance institutionnelle lancée en 2024.

Entre 2020 et 2024, le nombre de réclamations reçues par le Défenseur des droits en matière de droit des étrangers a augmenté de 400 %. Les trois-quarts sont liées au dysfonctionnement de la plateforme numérique des demandes de titre de séjour, qui est « à l’origine d’atteintes massives aux droits des usagers », selon l’institution. Il s’agit là d’un exemple parmi d’autres de procédures déshumanisantes touchant les personnes migrantes en France. « Le fait d’être exilé, est un paramètre aggravant de non-accès aux droits. Cela peut amener à subir l’ensemble des dimensions de la pauvreté, dont la maltraitance institutionnelle », constatent ainsi les membres de l’équipe « Populations d’ici, populations d’ailleurs, un combat commun pour la dignité » d’ATD Quart Monde.

Dans le cadre de la campagne « Stop à la maltraitance institutionnelle » menée par ATD Quart Monde, cette équipe a rédigé un document pour rendre visibles le non accès aux droits et la maltraitance institutionnelle subie par les personnes exilées, mais aussi les conséquences sur la société de cette maltraitance, et les solutions possibles. « En raison des difficultés administratives pour obtenir des papiers, les lenteurs excessives des procédures de renouvellement, les obligations, souvent abusives, de quitter le territoire français (OQTF), beaucoup de personnes se retrouvent hors de tout droit pendant des années. S’ajoutent à cela des pratiques aux conséquences parfois dramatiques comme les expulsions violentes avec destruction du peu de biens détenus par les gens », constate Hélène Rozet, volontaire permanente et co-animatrice de cette équipe. « Résultats : des parcours de vie brisés, des personnes empêchées de travailler, des associations qui s’épuisent dans des procédures dysfonctionnelles et des services préfectoraux qui peinent à débloquer des situations », poursuit-elle.

« Des vies gâchées »

Les conditions pour obtenir un titre de séjour sont en effet de plus en plus complexes, alors que la loi du 26 janvier 2024 « pour contrôler l’immigration et améliorer l’intégration » était censée faciliter la régularisation des personnes travaillant en France dans les métiers connaissant des difficultés pour recruter. « Les dossiers à remplir sont souvent énormes, avec des pièces justificatives difficiles à produire. La parole des personnes concernées est a priori considérée comme fausse et devant être prouvée, même quand cela semble impossible », explique Marie-Françoise Combaz, alliée d’ATD Quart Monde et co-animatrice de l’équipe. Elle déplore « des vies gâchées, des chances ratées, alors que la majorité des personnes veulent s’intégrer, apprendre, travailler ». Une personne rencontrée lors de maraudes d’information pour les personnes à la rue, menée avec l’association Utopia 56, témoigne ainsi : « On ne peut pas travailler, alors qu’on peut apporter au pays. Et dans dix ans, quand on sera vieux et qu’on ne pourra plus, qu’on sera abîmé de vivre cette vie, on nous donnera l’autorisation de travailler… C’est absurde. »

Face au désengagement de l’État, ce sont les associations qui agissent pour les personnes exilées, mais « elles sont souvent empêchées d’agir, stigmatisées, voire criminalisées juste parce qu’elles essaient de faire respecter le droit », regrette Hélène Rozet.

Des pistes pour « une Nation plus humaine »

Face à ces constats, « Populations d’ici, populations d’ailleurs » avance des pistes pour « construire une Nation humaine et sereine, où le droit et l’égale dignité de toutes et tous seront respectés ». Il est ainsi nécessaire de donner davantage de moyens aux services publics pour les rendez-vous en préfecture, d’allonger la durée des titres de séjour, de faciliter l’accès au travail et d’avoir une vraie politique de logement social. Il faut aussi permettre à toutes et tous l’accès à des recours, y compris pour les personnes qui sont en France sans papier, sans existence légale, depuis des dizaines d’années.

Afin d’accompagner au mieux les personnes exilées, les membres d’ATD Quart Monde peuvent échanger et collaborer avec les réseaux locaux de partenaires. « Comme citoyens, au sein d’un magnifique réseau issu de la société civile, nous avons le pouvoir de dire les droits, d’initier des recours, de dénoncer la maltraitance, la violation des droits : nous témoignons ainsi d’une démocratie vivante, qui fonctionne », rappelle Hélène Rozet.

La lutte contre les idées reçues et la désinformation doit également être menée. Il s’agit de « susciter la rencontre pour favoriser la connaissance, de permettre aux personnes d’origine étrangère de raconter leur histoire, celle de leur famille, de leur pays », souligne Marie-Françoise Combaz. Et de conclure : « Au sein d’ATD Quart Monde, nous avons expérimenté avec des militants Quart Monde d’ici et d’ailleurs qu’il est possible de vivre et de s’engager ensemble pour une société plus juste et pacifiée. »

Pour avoir plus d’informations, contactez l’équipe nationale « Populations d’ici, populations d’ailleurs, un combat commun pour la dignité » : combatcommun.france@atd-quartmonde.org

 

Photo : Le 25 mars 2021, à l’occasion de la Nuit de la Solidarité à Paris, 400 tentes sont déployées place de la République par le collectif Réquisitions pour dénoncer l’inaction du gouvernement sur la situation des personnes exilées. © Utopia 56

Partager

Quiz

En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté : le quiz !

1 / 9

En France, à combien est fixé le seuil de pauvreté

Questions

2 / 9

À combien s’élève le RSA pour une personne seule et sans enfant et avant déduction du forfait logement ?

2023 atdqm ideesfausses rsa

3 / 9

Il y a 20 ans, 20 % du budget dédié au RSA était alloué à l’accompagnement des allocataires. Selon vous a combien s'élève cette part aujourd'hui ?

2023 atdqm ideesfausses accompagnement

4 / 9

Quel pourcentage d’ayant-droits au RSA ne le demandent pas ?

2023 atdqm ideesfausses non recours

5 / 9

2023 atdqm ideesfausses chomage

6 / 9

A sa création en 1988, le RMI (ancêtre du RSA) avait été fixé à 49 % du SMIC. Selon vous, quel pourcentage du SMIC représente le RSA aujourd'hui ?

2023 atdqm ideesfausses rsavssmic

7 / 9

Les demandeurs d'asile peuvent percevoir les minima sociaux tels que le RSA.

2023 atdqm ideesfausses migrations

8 / 9

On estime que les émissions de CO2 des 10 % les plus aisés en France s’élèvent à 18,4 tonnes par an. A combien s'élèvent celles des 10% les plus modestes ?

2023 atdqm ideesfausses ecologie

9 / 9

Quelle part du budget de la protection sociale est aujourd'hui dédiée à la lutte contre la pauvreté ?

2023 atdqm ideesfausses protection sociale

Your score is

The average score is 59%

0%

Ceci fermera dans 0 secondes

2023 journee mondiale du refus de la misere miniature atdqm

Emploi décent : testez vos connaissances !

1 / 7

2 / 7

3 / 7

4 / 7

5 / 7

6 / 7

7 / 7

Your score is

The average score is 51%

0%

Ceci fermera dans 0 secondes

Quiz mi

Stop à la maltraitance institutionnelle : Le quiz !

1 / 10

La maltraitance institutionnelle c'est...

Questions

2 / 10

Parmi ces listes, laquelle ne contient que des institutions qui assurent une mission de service public ?

Questions

3 / 10

La maltraitance institutionnelle touche l’ensemble des individus avec des conséquences égales, quelles que soient leurs conditions socio-économiques.

Questions

4 / 10

Parmi les causes de maltraitance institutionnelle envers les personnes en situation de pauvreté, on compte… (Plusieurs réponses possibles).

Questions

5 / 10

Les professionnel.le.s des institutions publiques ne peuvent pas être victimes de maltraitance institutionnelle.

Questions

6 / 10

Combien de personnes un.e conseiller.ère France Travail suit-il.elle en moyenne ?

Questions

7 / 10

Parmi ces situations, lesquelles peuvent être qualifiées de « maltraitance institutionnelle » ? (Plusieurs réponses possibles).

Questions

8 / 10

Quel est le pourcentage de Français.ses qui n’ont pas recours aux aides et dispositifs sociaux auxquels ils.elles ont droit par crainte des conséquences négatives (abus de pouvoir, manque de confidentialité...) ?

Questions

9 / 10

Quelles grandes tendances actuelles participent au renforcement des maltraitances institutionnelles ? (Plusieurs réponses possibles).

Questions

10 / 10

Comment aider une personne en situation de pauvreté victime de maltraitance institutionnelle à faire valoir ses droits ? (Plusieurs réponses possibles).

Questions

Your score is

The average score is 31%

0%

Ceci fermera dans 0 secondes

Inscription à la newsletter