Portée par des alliés et un militant Quart Monde du groupe de Perpignan, la Maison jaune accueille des personnes qui n’ont pas de logement pour leur laisser le temps de trouver des solutions.
Tout a commencé par une réunion d’ATD Quart Monde à laquelle Daniel, aujourd’hui militant Quart Monde, n’osait pas vraiment aller. Invité par Michel, un allié, Daniel est alors “dans une situation compliquée, sans logement”. À la fin de la réunion, Emmanuel, un autre allié, lui tend les clés de sa maison de Villelongue-de-la-Salanque, dans laquelle il n’habite plus. “On ne se connaissait pas, je trouvais cela bizarre. Pour moi, ce n’était pas possible”, se souvient Daniel. Il finit par trouver un studio à Perpignan, mais n’en revient toujours pas du soutien reçu et souhaite “offrir à d’autres ce qui a été fait” pour lui.
Il découvre alors qu’Emmanuel a le projet de donner à cette maison une utilité sociale et que Michel cherche des solutions pour aider les personnes en difficulté. En une soirée, tous les trois montent alors le projet de la Maison jaune. Quelques mois plus tard, fin 2017, Daniel, devenu “maître de maison”, accueille les premières personnes dans les trois chambres disponibles.
« Faire une pause »
Dans ce “sas entre le 115 et la rue”, les résidents s’installent pour trois mois maximum après un simple entretien. “Il n’y a pas de dossier à monter. Comme nous ne dépendons que de fonds privés, nous sommes plus libres que les structures d’hébergement classiques. Si on nous signale une personne en train de dormir dans sa voiture, nous pouvons l’accueillir le jour même”, détaille Daniel. Tous payent un loyer de 150 euros. “Cela leur permet d’avoir des quittances de loyer pour un futur logement et de constituer leur dossier d’allocation logement”, explique Daniel.
Ce logement leur donne la possibilité de “faire une pause” dans leurs vies et est un tremplin pour l’avenir. Chaque jour, Daniel prend du temps avec chacun pour “les guider dans leurs démarches, faire des recherches avec eux pour un logement, un travail, une démarche administrative...”
Aujourd’hui, Daniel est en contact avec une grande partie des personnes accueillies dans la Maison jaune depuis plus de trois ans. “Certaines ont trouvé un logement, mais elles sont isolées, alors j’essaye de garder le lien. Je peux les aider, car j’ai connu la même vie et je peux témoigner que je m’en suis sorti.” Il espère pouvoir un jour toutes les réunir pour continuer à faire vivre cette chaîne de solidarité.
Renseignements : maison-jaune.org
Cet article est issu du Journal d’ATD Quart Monde de mai 2021, spécial Occitanie.
Photo : La Maison jaune à Perpignan. © E.R.