Avec l’épidémie de Covid-19, les rassemblements sont interdits et les Bibliothèques de rue ont dû suspendre leur activité. Certaines ont cependant trouvé des moyens pour maintenir le lien avec les enfants. Les initiatives ont fleuri, étonnantes d’inventivité.
À Montreuil et Saint-Brieuc, les animateurs envoient chaque semaine, par la Poste, une lettre-jeux aux enfants dont ils ont l’adresse. Cette lettre est personnalisée et leur parle des choses qu’ils aiment. À Saint-Ouen, les enfants reçoivent des cartes postales en message électronique. À Vannes, les animatrices ont déposé dans les boîtes aux lettres, tout en respectant les consignes de sécurité, des enveloppes contenant des crayons, des coloriages…
Au Centre de promotion familiale de Noisy-le-Grand, Claire et Maïmouna, volontaires permanentes, organisent des lectures dans le couloir ou au pied des immeubles. À Beauvais, via une application mobile, les animateurs et familles, se donnent des nouvelles tous les jours. Les enfants sont invités à exprimer une chose qu’ils ont trouvée difficile dans leur journée et une autre positive. L’objectif est de libérer la parole, mais aussi se relier aux autres et ne pas rester seuls.
À Marseille, l’équipe de la Bibliothèque de rue, s’est organisée pour faire parvenir aux enfants roms vivant dans des squats 57 enveloppes pédagogiques contenant des livres, des exercices d’écriture et d’éveil, des feuilles, des crayons, des stylos et des enveloppes. C’est un papa, Justin, qui a accepté d’acheminer les colis avec son camion. Danielle, une animatrice, raconte : « Les enfants étaient contents d’avoir ce cadeau personnalisé et Justin était comme un Père Noël ».
Une chaîne sur Youtube
À Nogent-le-Rotrou, les animateurs de la Bibliothèque de rue continuent aussi à lire. Pour cela, ils ont créé une chaîne Youtube, « Radio Mujo » où ils mettent en ligne des vidéos dans lesquelles ils lisent les histoires préférées des enfants, comme La grenouille à grande bouche, Docteur Loup, M’Toto… Avec les héros des albums pour enfants, ils franchissent ainsi les murs et s’invitent dans les écrans pour le plus grand bonheur des petits et des grands. Les mots fracassent le silence.
De nombreuses équipes de Bibliothèques de rue n’ont cependant pas réussi à maintenir un lien avec les enfants, en raison de la distance, du manque de moyens de communication ou encore d’un quotidien déjà très chargé pour les enfants comme pour leurs parents.
Notre aspiration à être en lien les uns avec les autres, n’a jamais été aussi grande que pendant cette période de confinement. Peut-être que ce virus est-il une chance qui nous est offerte pour repenser nos modes de relation, prendre conscience de ce qui est vraiment important dans nos vies, et ouvrir la porte à un avenir plus fraternel, où tous, nous lutterons pour faire disparaître les inégalités ? Hélène Deswaerte
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Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de mai 2020.
Photos 1 et 2 : Lecture dans le couloir et au pied de l’immeuble du Centre de promotion familiale de Noisy-le-Grand. © ATD Quart Monde
Photo 3 : Préparation des enveloppes pédagogiques à Marseille. © ATD Quart Monde