Lors d’un atelier en ligné organisé le 30 avril, Claire Hédon, présidente d’ATD Quart Monde, a évoqué les réformes à mettre en œuvre pour construire le « monde d’après » la crise que nous connaissons actuellement.
« Il faut une vraie révolution, dans le sens positif du terme », affirme la présidente d’ATD Quart Monde le 30 avril. Elle participait à l’atelier en ligne « Le jour d’après sera celui de l’égalité réelle » présenté par la députée LREM du Val-d’Oise, Fiona Lazaar, avec le président de l’Observatoire des inégalités, Noam Leandri. Pour Claire Hédon, le « monde d’après » la crise du Covid-19 n’aura « pas simplement besoin de petits dispositifs, mais de solutions d’ensemble ».
Réforme du logement et emplois décents
Elle souligne ainsi la nécessité d’une « réforme draconienne du logement. On ne peut pas se contenter de continuer avec de l’hébergement. Les personnes en situation de pauvreté ont envie d’accéder à un vrai logement. Il faut construire des logements neufs, écologiques, de façon massive. Il faut rénover les passoires thermiques, obliger les communes à mettre en œuvre une vraie mixité sociale et des logements sociaux accessibles aux plus pauvres ».
Claire Hédon pointe ensuite la question des « emplois décents » et rappelle qu’ATD Quart Monde demande l’extension de l’expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée. La crise actuelle « remet en avant le fait que le montant du RSA ne permet pas de vivre dignement ». Elle regrette en outre que certaines mesures n’aient pas été mises en place dès le début du confinement. « Pour les familles bénéficiant d’aides pour la cantine des enfants, il n’était pas compliqué de leur donner l’équivalent. Cela pouvait être fait assez rapidement. »
Pour la présidente d’ATD Quart Monde, l’aide apportée aux entreprises par l’État doit par ailleurs être liée à une conditionnalité. « S’il n’y a pas de conditions écologiques et sociales à ces aides, on va reconstruire le monde exactement comme il était avant et on n’aura tiré aucune leçon de ce qu’il s’est passé. »
Associer écologie et lutte contre la pauvreté
Une « vraie discussion de fond sur la rupture numérique » est également nécessaire. « Beaucoup de personnes ont des forfaits limités à 2 heures. On a demandé aux opérateurs téléphoniques de passer ces forfaits en illimité, tout comme les cartes pré-payées. Je n’ai même pas eu de réponse aux courriers que je leur ai envoyés, alors que ce n’était pas très compliqué. On se rend compte que toutes ces questions d’accès à un téléphone en illimité, à Internet deviennent cruciales ». La présidente d’ATD Quart Monde constate notamment que la présence, chez certains opérateurs, d’un « tarif social » pour les téléphones fixes pourrait inspirer l’évolution de l’offre pour les téléphones portables et Internet.
Rupture numérique, difficultés scolaires, isolement, crainte d’une contravention pour non-respect du confinement, dont « le montant est égal à un quart du RSA »… Cette crise est « révélatrice d’inégalités que l’on connaissait déjà, mais qui sont mises en exergue », affirme Claire Hédon. Pour l’avenir, elle estime qu’il « faut absolument que les politiques soient pensées, évaluées avec les personnes en situation de précarité. Tant qu’on continuera à réfléchir sans ces personnes là, à simplement vaguement les auditionner pour avoir leur avis, sans construire avec elles, on n’y arrivera pas et on ira droit dans le mur ».
« Beaucoup de gens, et entre autres beaucoup de jeunes, ont envie de construire une société différente aujourd’hui. Il faut maintenant les entendre et il faut absolument associer la question de l’écologie et celle de la lutte contre la pauvreté, parce qu’à mon avis ce sont deux questions qui vont ensemble », conclut-elle.
Photo : Capture d’écran de l’atelier en ligne du 30 avril 2020.