[Septembre-Octobre 2024] Stop à la maltraitance institutionnelle
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Éditorial du journal
Récemment, j’ai eu l’occasion de rencontrer un travailleur social qui a réfléchi sur sa façon d’exercer son métier. Il a partagé le paradoxe qu’il a vécu, avec d’autres, pendant des
années : l’urgence des personnes en situation de pauvreté n’est pas l’urgence des professionnels.
Quand ses collègues reçoivent des personnes en grande difficulté, leur préoccupation première est de compléter les dossiers de demandes de prestations. Souvent il manque un
papier, un justificatif, et l’urgence est alors de l’obtenir pour débloquer l’accès à une prestation. Pour des personnes en galère, l’urgence est à ce moment-là de faire face au
quotidien : de quoi sera fait le jour même et le lendemain pour elles et pour leur famille ? Apporter un justificatif qui, de plus, peut se révéler difficile à trouver, ne leur semble pas le plus urgent.
Face à ce qui peut paraître comme une incompréhension mutuelle, chacun risque de s’énerver, de se bloquer. La situation apparaît inextricable. Pourtant tout le monde a raison : il y a urgence à agir. Surtout il y a urgence à se comprendre, à créer des relations de confiance qui permettront de passer au- dessus de ce type d’incompréhension. Heureusement, c’est souvent le cas, mais pas toujours.
Quand cela se passe mal, pour la personne qui vit dans la pauvreté et qui a besoin d’une aide d’urgence, c’est une maltraitance institutionnelle. Elle ne reçoit pas un soutien approprié à son urgence. D’autant plus si ce type d’incompréhension se produit régulièrement. Et le travailleur social ne pourra que se sentir mal de ne pas avoir pu aider comme elle le souhaite la personne reçue. Tout le monde est perdant.
Cette situation, parmi beaucoup d’autres, nous montre bien à quel point c’est en agissant ensemble dans une recherche de compréhension qu’il est
possible de faire cesser la maltraitance institutionnelle. Les leviers d’actions et de mobilisation mutuelles sont multiples.
Benoît Reboul-Salze, membre de la délégation nationale d’ATD Quart Monde