[Janv. 2023] RSA : les allocataires sous pression
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Éditorial du journal
La conditionnalité, une fausse bonne idée
En ce début d’année, il est beaucoup question d’ajouter des conditions d’activités au versement du Revenu de Solidarité Active. D’autres pays essayent cela. Pour avoir travaillé dans certains d’entre eux au Sud-Est de l’Europe, j’ai pu mesurer à quel point la conditionnalité est une fausse bonne idée. Les personnes sont encore plus enfoncées dans la peur, la souffrance et en viennent à se cacher. Ces conditions les ont rendues dépendantes du bon vouloir des institutions et leur accès aux droits ont été bafoués.
Pourtant, de l’accès aux droits découlent les devoirs, qu’on rappelle sans cesse aux personnes en situation de pauvreté qui reçoivent le soutien de la solidarité nationale. On oublie que nos sociétés ont aussi des devoirs envers ceux qui rencontrent des difficultés dans leur vie. Des devoirs que nos gouvernements, nos institutions doivent garantir.
Allons-nous continuer à laisser des gens vivre dans des conditions indignes parce qu’ils ne remplissent pas les critères pour être vus comme des bonnes personnes ? N’oublions pas les droits de chaque être humain. N’oublions pas le sens profond de la déclaration universelle des droits de l’Homme.
Le RMI, puis le RSA, ont été conçus pour apporter une protection inconditionnelle à celles et ceux qui en ont besoin pour pouvoir vivre dans la dignité. Nous sommes loin du compte. Le RSA est lié à la question de l’accompagnement, un volet indispensable et chroniquement sous-dimensionné. Pourtant, des universitaires, des professionnels et des personnes ayant l’expérience de la pauvreté ont démontré à plusieurs reprises que la pauvreté est multidimensionnelle et que les droits sont interdépendants les uns des autres.
Alors pensons, agissons et plaidons ensemble, avec les personnes qui ont la vie la plus dure, pour une société qui ne laisse personne de côté.
Bonne année 2023 !
Benoît Reboul-Salze, délégué national d’ATD Quart Monde