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Un point d’appui : le revenu garanti [123]
«Une véritable sécurité d’existence ne relève pas seulement du montant d’un revenu minimum garanti. Elle dépend aussi évidemment des modalités de sa gestion et, plus encore, de l’insertion sociale et économique que provoque et traduit ce revenu.»
Description
Revue Quart Monde n° 123
La situation financière des plus défavorisés en France reste accablante. Ceux qui les côtoient et voient grossir leur nombre sont témoins de la destruction physique, de l’enfermement intellectuel et social, de la perte d’espoir dont ils sont victimes.
A ces situations, il n’existe évidemment pas de solution simple. Cependant, nombre de pays industrialisés ont déjà introduit dans leur législation la garantie d’un revenu minimum en toutes circonstances. La France voit poser la question de l’opportunité d’un tel revenu qui n’existe pas chez elle. Le rapport Wresinski au Conseil Économique et Social français a abordé cette question et l’avis adopté par les conseillers recommande d’aller plus loin que ce qui est fait actuellement dans cette voie.
René Teulade qui préside les débats de la section des affaires sociales au CES montre ici, en se référant au rapport Wresinski, pourquoi la perspective d’un revenu minimum garanti doit s’inscrire dans une démarche beaucoup plus globale de lutte contre la pauvreté.
Il a paru utile de faire part des réflexions élaborées avec quelques dizaines de bénéficiaires d’une expérience menée à Rennes pendant un an. Les familles concernées savaient que, pendant un an, elles ne risquaient pas de se voir contester la nécessité de disposer d’un plancher de ressources de l’ordre du SMIC.
On peut dire qu’en France, il n’existe pas de droit automatique et permanent à un plancher de ressources. D’autres pays, au contraire, mettent en œuvre de telles mesures et certains depuis longtemps. Il a donc paru important d’exposer quelques exemples en se demandant, dans la mesure du possible, si ces systèmes bénéficient véritablement aux plus pauvres. Et si le droit à un revenu garanti est possible et souhaitable en France ? Les quasi-droits locaux abandonnent les plus pauvres à la discrétion de l’aide sociale des départements, des communes ou des associations.
Un article aborde la question du coût du revenu garanti. Un autre montre que les assurances sociales mises en place après guerre constituent un héritage précieux : elles ont évoluées au cours de ces quarante ans, complétées par des créations nouvelles et originales.
Un revenu garanti ne devrait pas casser cet édifice, qui peut aider à diminuer les causes des risques sociaux, mais permettre d’y faire entrer les plus pauvres.
L’éditorial de ce numéro reproduit un appel de Joseph Wresinski qui reprend l’avis du CES sur la grande pauvreté et la précarité économique et sociale, voté le 11 février 1987, affirmant que “le revenu garanti ne suffira pas à mettre fin à la misère. Mais [que] sans lui, il est impossible de parler du reste”.
D’après l’introduction de Louis Join-Lambert