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Reconsidérer la pauvreté ? [192]
Du Sommet mondial pour le développement social de Copenhague en 1995 au Sommet du millénaire, l’élimination de la pauvreté est présentée comme l’un des trois objectifs prioritaires des Nations unies. Le caractère répétitif d’un tel discours est-il pour autant accompagné d’une analyse rigoureuse ? Sait-on vraiment de quoi l’on parle quand on évoque la pauvreté ?
Description
Revue Quart Monde n° 192
« Ne serait-ce pas d’abord la misère qu’il convient d’éradiquer, et pour y parvenir, ne conviendrait-il pas de « réhabiliter » la pauvreté ? C’est ce que se proposait, il y a près de trente ans déjà, Albert Tévoédjrè, dans son livre La pauvreté, richesse des peuples. Et s’il avait raison ? Et si le développement, entendu comme le développement sans limites de la richesse, de l’exploitation des ressources de la planète était un mythe et conduisait à une impasse, faisant passer dans la misère ceux et celles qui hier vivaient dans une pauvreté digne, la misère chassant la pauvreté selon les termes employés par Majid Rahnema ? Sommes-nous alors entrés dans l’ère de l’après-développement dont parle Serge Latouche ? Devons-nous redécouvrir les vertus de la sobriété, de la frugalité, de la maîtrise de la consommation ?
Comment le faire sans reconsidérer, à la suite du père Joseph Wresinski, la pauvreté, non plus comme une tare, mais bien comme un tremplin, un moyen de résistance à la misère, qui, elle, est un enfer. Mais comment reconsidérer la pauvreté sans faire de même avec la richesse, comme nous y invite Patrick Viveret ? N’est-ce pas, au bout du compte, une révolution culturelle et spirituelle que nous devons accomplir pour arriver à penser autrement développement, pauvreté et misère ? Penser autrement, en apprenant des plus humiliés, en écoutant leur souffrance, en nous laissant atteindre ».
Extraits de l’introduction de Jean Tonglet