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Coupable, victime, résistant[e]… [247]
« Nous sommes le peuple qui est entré en lutte » dit Marie Jahrling.
Description
Revue Quart Monde n° 247
Certaines vies ont été brisées, piétinées, violentées depuis l’enfance.
Nelly Schenker, enfant illégitime née dans la pauvreté en Suisse, fut mise abusivement sous tutelle ; Jean-Maurice Prudent, adolescent réunionnais, dont la mère survivait en faisant des ménages, fut transplanté avec des centaines d’enfants de sa génération dans des zones françaises dépeuplées pour travailler dans des fermes ; Dominique Rankin issu d’une des premières nations vivant au Québec, fut retiré de sa famille et enfermé, comme plus de 150 000 enfants, dans ces terribles « pensionnats » pour autochtones où des religieux s’efforçaient de les « assimiler ». […]
On n’ose se représenter quels furent le déracinement, la solitude, la honte de ces milliers d’enfants. Et la culpabilité qu’on a cultivée dans leur esprit.
Reconnaître une dette envers les personnes ou les peuples lésés et, quand c’est possible réparer les torts subis, inverse cette logique perverse et ouvre la porte à un processus de réhabilitation et de libération. Bien que cela conduise parfois à abandonner toute responsabilité propre, la reconnaissance du statut de victime est une étape importante. […]
Les auteur(e)s de ce dossier se sont lancé(e)s dans un processus de libération, par les choix de leur vie et leur réflexion. « Réparer, c’est avoir la conscience que quelque chose de précieux fut brisé, souvent de façon irrémédiable, mais c’est vouloir priver le malheur de son aura de destin irréfutable.»… Ce n’est pas un hasard si la plupart des victimes ont créé – ou participent à – des associations qui agissent au présent, invitent à se serrer les coudes, leur permettant tant bien que mal de « s’extirper de la catastrophe » et de la véritable sidération qu’elle engendre.
Extraits de l’introduction de Martine Hosselet-Herbignat