Le 17 octobre 2024, le maire de Brest, répondant aux souhaits du groupe local d’ATD Quart Monde et du Collectif brestois du refus de la misère, a inauguré cette réplique de la Dalle du Trocadéro.

Sur cette réplique est gravée la phrase au cœur de l’appel de Joseph Wresinski du 17 octobre 1987 : « Là où des personnes sont condamnées à vivre dans la misère les droits de l’homme sont violés, s’unir pour les faire respecter est un devoir sacré ».
Sur la Dalle originale à Paris est écrit « Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère ». Cela intégrait les femmes bien sûr… mais nous avons préféré écrire « là où des personnes sont condamnées […] ».
Et sur cette Dalle de Paris est gravé, au-dessus ce paragraphe : « Le 17 octobre 1987, des défenseurs des droits de l’homme et du citoyen de tous pays se sont rassemblés sur ce parvis. Ils ont rendu hommage aux victimes de la faim, de l’ignorance et de la violence. Ils ont affirmé cette conviction que la misère n’est pas fatale. Ils ont proclamé leur solidarité avec ceux qui luttent à travers le monde pour la détruire. »
Ce jour-là, répondant à l’appel de Joseph Wresinski, fondateur du Mouvement international ATD Quart Monde, 100 000 personnes étaient rassemblées avec les plus pauvres sur le parvis des Libertés et des Droits de l’homme, place du Trocadéro à Paris, à l’endroit même où a été signée la Déclaration Universelle de 1948.
Joseph Wresinski
Cet homme, né en 1917 à Angers de parents réfugiés, a lui-même connu la grande pauvreté. Devenu prêtre, il a été nommé dans un bidonville de la région parisienne à Noisy-le-Grand. Avec un message et une action tout entière conforme aux phrases de la Dalle.
L'emblème
Le dessin gravé montre des personnes qui tendent vers la lumière pour retenir et rattraper un oiseau qui figure l’espoir, la joie, la délivrance, la fraternité. Le cercle veut signifier la dimension collective du combat contre la misère et qu’il concerne la planète entière.
Le 17 octobre
Depuis, à cette date, se rassemblent au même endroit, des familles du Quart Monde, des représentants des mondes religieux, politique, économique, social et des organisations de solidarité de France et d’ailleurs.
La Journée mondiale du refus de la misère
Le 22 décembre 1992, l’Assemblée générale de l’ONU a déclaré le 17 octobre “Journée mondiale du refus de la misère” (plus d’infos sur l’histoire de cette journée).
Remerciements
Merci à la Ville de Brest d’avoir réalisé et financé cette réplique de la Dalle du Trocadéro. Désormais, à Brest, le refus de la misère est gravé dans la pierre, comme dans 60 villes dans le monde (à Mexico, à Rome, à New-York mais aussi à Manille aux Philippines ou à Manega au Burkina-Faso et en France, dans l’Ouest, à St-Brieuc, Vannes et Nantes).
Les artisans de la Dalle. Nous remercions aussi le tailleur de pierre Christophe Chini, de Plonevez-du Faou et le graveur Antoine Zucconi, qui a été formé par Franck Jalleau, le graveur de la Dalle du Trocadéro, pour le soin mis à réaliser cette œuvre.
L’appel de Joseph Wresinski, désormais gravé à Brest, nous engage !
Aller plus loin
Découvrez sur ce lien le texte du discours “Je témoigne de vous”, prononcé par Joseph Wresinski le 17 octobre 1987.
Et ci-dessous en vidéo :
30 ans de Journées mondiales du refus de la misère à Brest
Depuis 30 ans, la Journée mondiale du refus de la misère est marquée à Brest par ATD Quart Monde, avec d’autres associations de solidarité. Voici les temps forts, résumés par Mariette Legendre, responsable historique du groupe ATD Quart Monde de Brest.
« Il y a donc 37 ans, le 17 octobre 1987, nous étions une vingtaine de Brestois d’ATD Quart Monde place du Trocadéro à Paris. Militants et alliés, nous avons partagé ce moment très fort avec des milliers de personnes des 5 continents, pour rappeler que la misère est une violation des droits humains et qu’elle n’est pas une fatalité.
Depuis cette date un collectif du refus de la misère s’est formé à Brest et chaque année il organise un temps fort en lien avec le thème proposé par le comité international.
Les associations qui se sont mobilisées au fil du temps dans ce comité sont : le Secours catholique, le Secours populaire, Entraide et Amitié, La Halte, le CCFD Terre solidaire, Emmaüs, Digemer, Adjim et depuis peu Harmonie Mutuelle, Vert le Jardin, le Pacte du Pouvoir de Vivre. Le CCAS de Brest et le Conseil Départemental apportent régulièrement leur soutien. Il y a eu aussi Amnesty international, l’Abaaf…
L’objectif de cette journée mondiale est de donner la parole aux personnes vivant dans des situations de grande pauvreté et d’exclusion, et non de faire la promotion des associations.
Le but est d’entendre les difficultés des personnes mais aussi et surtout d’entendre leur courage, leurs espoirs d’accéder à tous leurs droits et à une place dans la société.
Leurs paroles, leurs parcours de vie, permettent de prendre conscience des multiples dimensions de la grande pauvreté et des enchaînements qui y conduisent.
Nous devons changer nos regards et agir AVEC les personnes à tous les niveaux : pour le droit des enfants à vivre en famille, pour le droit au logement et à un travail digne, pour le droit à une alimentation saine et durable, pour le droit à la santé, à l’éducation, à la culture….
A Brest, nous organisons différemment chaque 17 octobre autour des témoignages, de paroles et des écrits. Ils sont partagés sous forme de théâtre, ou de marches, ou de rassemblements, de ciné-débats, de conférences, d’interpellation de candidats aux élections locales, d’ateliers avec expositions d’œuvres d’art plastique ou de photos…
Cela se passe souvent ici à l’hôtel de ville, dans la Maison commune, mais nous sommes aussi allés dans les quartiers de Brest, à Gouesnou, à Plougastel et jusqu’à Landerneau (où un groupe autonome s’est créé).
Les scolaires sont invités à prendre leur part.
Les enseignants sont aidés par un Kit pédagogique dédié, aujourd’hui en ligne.
Les chansons et la musique animent souvent ces moments et presque toujours une soupe fraternelle vient clore la journée.
Aujourd’hui nous sommes particulièrement heureux qu’une réplique de la dalle du Trocadéro soit posée devant la mairie de Brest.
Je veux juste ici rappeler quelques 17 octobre organisés à Brest qui ont marqué notre combat contre la pauvreté :
- En 1995, quand au premier rassemblement à l’hôtel de ville, le maire Pierre Maille était présent et que la chorale Choréa d’Ys a chanté des Negro Spirituals.
- En 1998, quand 50 collèges se sont mobilisés et que les tambours d’Emmaüs ont remonté la rue de Siam.
- En 2001, quand les associations Genepi, Emergence, l’aumônerie des prisons, ont collecté des textes et des poèmes des personnes privées de liberté ainsi que de leurs familles. Le tout fut présenté dans un fascicule, « Derrière les barreaux, et après… » et déposé à la mairie.
- En 2010, quand « L’écrit des sans voix » a permis dans dix ateliers, à une centaine de personnes, la plupart éloignés de l’écriture, de s’exprimer avec une grande sincérité. Cela a donné un livre et un spectacle au Quartz devant 700 personnes, une expo et tellement de bonheur…
- En 2019 et 2020 quand la Journée fut organisée dans les quartiers, au centre social de Keredern puis au PL du Pilier Rouge avec les habitants de ces quartiers.
- Et cette journée de 2024 qui laissera une trace, gravée dans la pierre… dans nos cœurs, nos regards, et je l’espère dans nos actes ! »