Reconstruire de véritables sécurités

« C’est ici, avec vous, que j’ai découvert que je savais des choses. Depuis toute petite, on me dit que je ne suis bonne à rien. Même avec mes enfants… » Josy a confié cela lors d’une Université populaire Quart Monde sur les « savoirs de vie » et « savoirs d’expérience ». L’exprimer a eu un effet extraordinaire sur elle. Depuis, grâce à ces mots prononcés, Josy a confiance en elle. Elle a repris espoir.

Une des grandes richesses du Mouvement ATD Quart Monde, sinon la plus grande, est de favoriser la rencontre. Avec l’autre, différent, dont l’expérience d’une vie difficile est reconnue comme riche d’enseignement. Mais la rencontre ne suffit pas. Il faut écouter, partager, entendre. Apprendre de l’autre. « Je vois bien qu’on ne parle pas pareil, je ne comprends pas toujours vos mots », dit Louise, une militante Quart Monde, à Renée, une alliée. C’est vrai, on est différent. Les mots sont révélateurs pour celui ou celle qui s’exprime et pour celui ou celle qui écoute. Faire de l’autre une partie de soi, ça n’est pas évident. On n’est pas habitué à cela.

Trop souvent, la vie nous cantonne à vivre avec ceux qui nous ressemblent. En cela, ATD Quart Monde casse les barrières. Le Mouvement nous met au défi de sortir de nos certitudes. La vraie révélation est qu’un monde se construit avec tous. Que chacun peut apprendre de l’autre. Y compris dans les situations désespérées. Ici. À Calais. En Haïti. Aux Philippines. L’autre, c’est lui qui permet d’espérer. L’espoir, l’espérance, c’est ce qui fait tenir, vivre.

Jacques Brel chante : « ils sont désespérés, mais avec espérance ». Espérance ? N’est-ce pas le titre du livre de Geneviève de Gaulle Anthonioz « Le secret de l’espérance » ? Un secret à partager.

Pascal Percq, vice-président d’ATD Quart Monde