La chronique de Bella Lehmann-Berdugo
Le bonheur est une bête sauvage
Bertrand Guerry. Fiction. France. Sortie le 2 juillet.
Sur l’île d’Yeu, Tom, 19 ans, vivote en attendant le bonheur, veut monter à Paris, y devenir comédien. Sa mère est morte en mer avec son oncle. Sa tante, Jeanne, vit dans le souvenir de son mari. Le départ de Tom l’anéantit. La nuit, Jeanne, revêtue d’une peau d’ours, hante le bord de mer. Autour de Tom gravitent des habitants bienveillants, solidaires, décidés à positiver leur vie et à chasser cet ours empêcheur de joie. L’attitude délibérée de repli de Jeanne les excède. Des scènes souvent poétiques, baignées dans une lumière travaillée façon rétro, parfois des dialogues légèrement insuffisants, mais une atmosphère décalée, loufoque, originale. Il faut jouer le jeu et se laisser conquérir par ce parti pris résolument « feel good ». Et si le bonheur, pas si sauvage que ça, se laissait apprivoiser ?
L’été de Jahia
Olivier Meys. Fiction. France/Belgique. Sortie le 6 août.
Jahia, exilée d’Afrique, vit avec sa mère dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile en Belgique. Visage fermé, l’école ne l’intéresse pas : à quoi bon sans papiers ? L’attente, le spectateur l’éprouve au travers de scènes répétitives. Survient Mila et sa famille, en provenance de Biélorussie. Optimiste, boute-en-train, son amitié immédiate redonne espoir à Jahia. Deux adolescentes unies dans la légèreté partagent musique, baignades, amis, selfies, entraide scolaire. Refus du droit d’asile pour la famille de Mila. Celle-ci sombre dans un état comateux, syndrome de résignation. Jahia tentera tout pour réveiller son amie. Un film réalisé avec tact, sans discours inutile, presque comme un documentaire. Débutantes comme actrices, mais expérimentées de cette vie, les deux jeunes filles se coulent dans leur rôle.