La chronique de Bella Lehmann-Berdugo
La Base
Vadim Dumesh. Documentaire. France. 3 avril
Reléguée à l’arrière de l’aéroport de Roissy, la Base des chauffeurs de taxis à l’ancienne, est une ville en soi. Entre une mini-mosquée à ciel ouvert, un potager, des tables de ping-pong et vélos d’appartement, un self-service, on discute, on se serre les coudes, on joue de la guitare ou aux échecs, nuit et jour. On lit, on se filme, en attendant d’être aiguillé vers les terminaux. On y est même démarché par Uber. Une micro-société multiculturelle, multiethnique, polyglotte, s’invente en bonne intelligence en apparence. Des toilettes sont taguées de slogans antisémites. Les liens anciens informels survivront-ils au récent déménagement ? Tant que la manne d’acier volera au-dessus de leurs têtes.
Madame Hofmann
Sébastien Lifshitz. Documentaire. France. 10 avril
À l’hôpital Nord de Marseille, portrait intime de Sylvie, cadre infirmière en oncologie, lumineuse femme de tête et de cœur. Au bord de la retraite, après quarante ans de service, elle se montre pragmatique, empathique, attentive à son personnel, aux malades, à sa famille. Et elle dans tout ça ?
Jean-Bernard Marlin. Fiction. France. 24 avril
Au milieu des barres d’immeubles de Marseille, Djibril, jeune Comorien du quartier des Sauterelles, aime Camilla, gitane du quartier adverse des Grillons. Elle attend un enfant, veut le garder. Les chefs de gang s’en mêlent, tout s’embrase, la violence envahit l’écran. Des morts, des vengeances, des prophéties basculent dans la tragédie mi-grecque mi-shakespearienne, la musique aidant. Les acteurs, tous non professionnels, se donnent à fond d’autant qu’ils gardent leur propre langage. Après un premier temps alerte, montage serré, la seconde partie souffre de velléités de fantastique, métaphysique, apocalyptique, difficiles à suivre. Restent des êtres pleins de vie, trop vite piégés.