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Rapport sur les inégalités en France. Edition 2019

Rapport sur les inégalités en France. Edition 2019

L'Observatoire des inégalités présente l'état des lieux, les tendances et les évolutions possibles en matière d'inégalités, dans quatre domaines : les revenus, l'éducation, la situation du travail et les modes de vie.

Les revenus.
Si, d’après l’Insee en 2016, les 10% les plus aisés perçoivent des revenus 6,7 fois plus élevés que les 10% les plus pauvres, il faut savoir que ce sont essentiellement les revenus du patrimoine qui creusent l’écart. Le 1% des plus fortunés possède 17% de l’ensemble du patrimoine des ménages et les 10% les plus riches en possèdent presque la moitié. En bas de l’échelle, 5 millions de personnes vivent avec moins de 855 € par mois (pour une personne seule). Ce sont avant tout les catégories populaires qui sont les plus touchées : personnes sans formation, familles monoparentales, immigrés.
Ce rapport met en évidence une idée fausse : les enfants pauvres n’existent pas, leur pauvreté est celle de leurs parents, due au chômage, aux bas salaires, aux faibles prestations sociales, aux discriminations…
Quant à l’avenir, seule une baisse du chômage pourrait réduire les inégalités de revenus, avec une condition impérative : que les emplois créés soient réellement rémunérateurs.

L’éducation
« La situation des inégalités dans le système scolaire semble figée ». L’origine sociale des enfants influera toujours sur leurs résultats tout au long de leur vie scolaire, la part des enfants d’ouvriers se réduisant au fur et à mesure : ils ne sont plus que 12% des étudiants, 7% des élèves en classe préparatoire, 4% des élèves des grandes écoles ! L. Maurin souligne : « les inégalités liées à l’école sont au moins autant une question de redistribution des moyens [entre filières] que de moyens en général »; Il juge que les dernières mesures décidées par le gouvernement « ne sont pas à la hauteur des enjeux ». Réduire les inégalités exigerait une volonté politique capable de bousculer le conservatisme des populations diplômées !
Seul progrès : la part des jeunes en « décrochage » a diminué entre 2007 (11,3%) et 2017 (8,9 %).

Le travail et le chômage
Le taux de chômage des non diplômés est 3,7 fois plus élevé que celui des titulaires d’un diplôme du supérieur long. Mais la population la plus frappée reste celle des immigrés dont le taux de chômage est de 16,3%, soit 2 fois plus que celui des personnes nées en France. Les jeunes non diplômés en emploi sont 65% en contrat précaire (CDD ou intérim). En fait, plus de 8 millions de personnes « sont en situation de mal-emploi », dont 2 millions de travailleurs pauvres. En raison des impératifs économiques de flexibilité maximum, 28% des ouvriers non qualifiés ne connaissent pas à l’avance leurs horaires des lendemains…
L’avenir reste suspendu à une reprise hypothétique de l’activité qui pourrait réduire les tensions, et en particulier la précarité. Mais la dérégulation du droit du travail et les périodes de travail en CDD, de plus en plus courtes, affaiblissent encore les salariés.

Modes de vie
Le mal-logement, une persistance qui ne s’améliore pas : 800 000 personnes n’ont pas de domicile personnel, dont la majorité sont hébergées dans des logements sans confort et sans autonomie; 143 000 n’ont aucun domicile ; près de 11 000 vivent à la rue. Les conditions de logement dépendent bien entendu des inégalités de revenus. Ce sont les populations immigrées qui souffrent le plus de ces conditions : 26,1% des ménages habitent dans des logements trop petits ou insalubres.
A cela s’ajoute les conditions matérielles de vie qui ont des répercussions sur la santé et la durée de vie : 13 années séparent l’espérance de vie des 5% les plus pauvres (71,7 ans) des 5% les plus riches (84,4 ans). Les modes d’accès à Internet ou aux pratiques culturelles restent également très dépendantes de l’appartenance sociale et encore bien sur du niveau des revenus.

Autre fait majeur, les milieux populaires sont très peu visibles dans les médias, alors que ces catégories représentent une bonne moitié de la société française. Est significative aussi la part des ouvriers et employés parmi les députés souvent proche de zéro ! Ce problème de représentativité dépend de la volonté des partis politiques de diversifier l’origine sociale de leurs élus : à vérifier aux législatives de 2022…

Jean Pierre Touchard

Observatoire des inégalités – 2019 – 176 p.

L’essentiel du rapport est accessible sur le site de l’Observatoire