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Du foyer de travailleurs migrants à la résidence sociale : mener à bien la mutation

Du foyer de travailleurs migrants à la résidence sociale : mener à bien la mutation

Les foyers de travailleurs migrants sont tous appelés à passer sous le statut de "résidence sociale". Ce rapport décrit comment cette mutation s'effectue dans les collectivités territoriales, quelle population est concernée, quelles sont les difficultés du passage d'une structure à l'autre et les propositions pour les surmonter.

Les foyers de travailleurs migrants accueillent une population qui se diversifie et dont les besoins évoluent.
– Les immigrés originaires du Maghreb : une population qui vieillit entre deux pays. Trente ans après, la majorité des résidents d’origine sont toujours présents dans les foyers, confrontés au vieillissement et à la pauvreté. La faiblesse de leur retraite est compensée par des prestations soumises à la condition de résidence en France, ce qui les oblige à faire la navette entre leur pays d’origine et la France.
– Les Africains subsahariens : la pression des besoins génère la sur-occupation des foyers. C’est une population minoritaire, mais surreprésentée en Ile-de-France. La sur-occupation des foyers renvoie à des réflexes de solidarité et au contexte de mal-logement. Certaines utilisations des espaces collectifs – restauration, petits commerces – posent des problèmes d’hygiène, de respect du droit.

Depuis la création des résidences sociales en 1994, les foyers de travailleurs migrants sont progressivement tous appelés à passer sous ce nouveau statut et donc à accueillir des publics beaucoup plus diversifiés, une population plus précarisée et plus jeune.

Un habitat qui s’efforce de s’adapter à ses nouvelles missions.
– Le secteur est dominé par des opérateurs spécialisés. La propriété des foyers se partage entre des organismes HLM et des associations gestionnaires.
– La résidence sociale correspond à une nouvelle mission : offrir un logement-foyer au service de l’insertion de l’ensemble des populations en difficulté, un logement temporaire… sauf pour les résidents qui veulent y demeurer durablement.
– La restructuration des foyers en résidences sociales les rend trop coûteux, aussi bien pour les résidents « historiques » que pour une partie de leur nouveau public.

Les territoires ont longtemps refusé de prendre en compte les foyers et leurs résidents.
– Le foyer de travailleurs migrants est une structure parachutée dans la ville et qui lui est restée longtemps étrangère. L’implication croissante des communes et agglomérations dans les politiques de l’habitat les contraint à prendre en compte les foyers.
– La situation de ces foyers en Ile-de-France est marquée par un cumul de difficultés – sur-occupation, activités informelles, coût du foncier – auxquelles s’ajoute l’absence de politique de l’habitat au niveau de l’agglomération.

Propositions.
L’expérience de l’accueil des travailleurs migrants nous montre précisément que le besoin de logement accompagné peut aussi s’inscrire dans le long terme. Pour eux, l’objectif fixé en 1995 de transformation des foyers de travailleurs migrants en résidence sociale doit continuer à guider l’action publique. De multiples réalisations attestent qu’aucune des difficultés de cette mutation n’est insurmontable dès lors que les volontés politiques de l’État et des collectivités concernées se rejoignent.

Annick Mellerio

Haut comité pour le logement des personnes défavorisées – Rapport n°16 – 2010 – 106 p.