Le revers de la médaille

Basé sur les rapports publiés par les équipes de recherche d’Amnesty International sur la Chine entre 2004 et 2007, cet ouvrage  est organisé en deux parties.

La première partie montre comment l’organisation des JO impose à la Chine de présenter un environnement « sûr » pour tous et de faire de Pékin une vitrine très présentable de la réussite économique. Mais à quel prix ? Le déplacement hors de la ville de populations pauvres des vieux quartiers, l’éloignement systématique des drogués, des mendiants, des « asociaux », la destruction des habitations anciennes remplacées par du neuf, la restauration de certains quartiers historiques, tout est fait pour offrir une image de la ville « sécurisée », propre.
A cela s’ajoute le problème de la liberté des médias. Là aussi deux poids, deux mesures : les journalistes étrangers seraient favorisés et bien accueillis… le temps des JO, alors que les médias nationaux sont eux sous un contrôle accru à l’approche de l’événement. Faire taire toute opposition est le mot d’ordre. Journalistes et écrivains « prennent ainsi de réels risques à rendre compte des sujets jugés sensibles par les autorités ». Demeure aussi la question de la peine de mort : « les chiffres officiels sur les condamnations à mort et les exécutions restent toujours entourés de secret ».

La deuxième partie s’attelle à démonter tous les enjeux qui dépassent de loin le cadre actuel des JO. En effet le développement d’Internet représente un défi constant pour les autorités qui tentent d’exercer un contrôle croissant sur les flux d’informations qui s’échangent sur la Toile. « La Chine dispose ainsi du système de filtrage le plus sophistiqué et le plus étendu du monde »… Dans cette course à la censure, les grands groupes américains qui gèrent Internet ne sont pas innocents : « certains de leurs agissements ont eu des conséquences directes et graves sur les droits des utilisateurs. »

Le chapitre intitulé Les travailleurs migrants et le miracle économique nous révèle l’envers du décor, c’est-à-dire les conditions de vie de ces travailleurs qui subissent toutes les formes d’exploitation : absence de contrat de travail, heures supplémentaires forcées, retenues sur salaire, impayés divers, obstruction au droit de quitter un emploi, etc. A cela s’ajoutent les difficultés de logement pour ces populations déplacées, l’absence de système de soins, les discriminations de toutes sortes, en particulier vis-à-vis de leurs enfants dans l’accès à l’éducation… La liste ne peut se résumer. Ces migrants ruraux venus dans les villes en quête d’un travail seraient de 150 à 200 millions à présent, et selon les dernières estimations, près de 300 millions d’ici à 2015 : la plus grande migration de tous les temps en période de paix !

Cet inventaire souligne le fossé existant entre les intentions ou les engagements affichés par les autorités chinoises et la réalité de l’accès aux droits humains. Son sous-titre est sans équivoque !

Jean-Pierre Touchard

Éditions Autrement – Frontières – 2008  – 144 p.