Philippe Fabry a exercé comme éducateur spécialisé avant de présenter une thèse de doctorat en Sciences de l’éducation sur « Persistance et reconfiguration de la parenté nourricière dans l’accueil familial », thèse dont ce livre est une ré-écriture à l’intention d’un plus large public et des professionnels de la Protection de l’enfance.
Sa recherche est motivée par le constat des incohérences et des manques qui, dans notre système de protection de l’enfance, conduisent à de multiples échecs et à beaucoup de souffrance dans le parcours des enfants placés, de leurs parents et des familles d’accueil qui ont parfois cheminé de nombreuses années avec eux.

L’auteur propose d’emblée de bannir le terme de « placement », source de confusion et de tensions, et de lui substituer celui de « confiage » plus conforme à la complexité de la parentalité et plus à même de répondre aux besoins des enfants et de leurs parents.

La recherche s’appuie sur l’histoire de la parentalité et des mesures de déplacement des enfants de leur milieu d’origine, sur l’évolution des mentalités, de la législation et des institutions de la protection de l’enfance ainsi que sur les différences éclairantes des systèmes belge, suisse et québécois.

Les principaux points qui, selon l’auteur, posent problème dans notre système de protection de l’enfance sont de deux ordres :
-une primauté absolue à la parentalité biologique qui empêche d’accorder une place aux familles d’accueil, les met en concurrence avec les parents alors que la parentalité est à envisager sous plusieurs aspects complémentaires : la parenté biologique, la parenté légale, la parenté nourricière, qui est exercée par les adultes vivant au quotidien avec les enfants.
– le refus de notre système d’envisager des accueils longs, voire, d’emblée définitifs, qui place les enfants et les familles d’accueil (et les parents biologiques) dans un provisoire permanent, source d’une grande insécurité. Il plaide, sur ce point, pour une évaluation précoce et approfondie de la possibilité du retour de l’enfant dans sa famille d’origine, comme cela se fait au Québec.

Les derniers chapitres proposent des outils concrets, dont l’efficacité est validée par des expériences, pour mieux construire les projets de vie, renforcer les évaluations des situations par une approche pluri-professionnelle associant les enfants, les parents et les familles d’accueil dont le rôle est, selon lui, sous-évalué dans le fonctionnement actuel de la protection de l’enfance en France.

Brigitte Bureau

L’Harmattan – Recherches en action – 2021 – 218 pages

Sur le même sujet, aux Editions Quart Monde : Réussir la protection de l’enfance

Compte rendu publié dans la Revue Quart Monde n° 263 : Démocratie fatiguée, démocratie régénérée ?