Entrez votre recherche ci-dessous :

Continents à la dérive

Continents à la dérive

C’est l’histoire d’un homme « convenable », qui s’efforce d’être un bon Américain mais qui « s’est si mal conduit aux yeux de Dieu […] qu’il a été perdu pour sa femme Elaine qui l’aimait depuis très, très longtemps, perdu pour son fils.. »

Quittant une vie morne dans le New Hampshire, Bob entraîne sa femme et ses deux enfants en Floride pour une vie meilleure.
De son côté, Vanise fuit Haïti avec son bébé et son neveu Claude. Un premier passeur la dépose sur une île à mille kilomètres de la Floride et il lui faut trouver un deuxième passeur pour rejoindre réellement l’Amérique.

Embarqué par un frère et un ami qui mènent une vie dorée et sans doute chargée d’illégalité, Bob se retrouve à piloter le navire rempli d’émigrants haïtiens parmi lesquels se trouvent Vanise, son bébé et Claude. Pour éviter les gardes côtes, il laisse son co-pilote jamaïcain jeter les Haïtiens à la mer.

« Dans cette partie de la planète, c’est une variation ordinaire d’une histoire ancienne, tellement ordinaire que même Bob Dubois la connaît ; et maintenant c’est devenu aussi son histoire à lui, et il le sait. »
Il récupère le prix payé par les migrants mais, incapable de supporter ce à quoi il a participé, s’enfonce dans le quartier haïtien de Miami pour rendre l’argent aux quelques survivants, où il se fait tuer par quatre « jeunes loups » appâtés par les billets.

Le dernier chapitre du livre est une méditation de l’auteur, intitulé Envoi :
« Connaître les faits de la vie et de la mort  de Bob ne change rien au monde. Mais le fait de célébrer sa vie et  de pleurer sa mort, en revanche, changera quelque chose. La joie et le chagrin que nous inspirent les vies autres que la nôtre y compris des vies entièrement inventées – non, surtout des vies entièrement inventées -, prive le monde tel qu’il est d’un peu de cette cupidité dont il a besoin pour continuer à être lui-même. Va, mon livre, et continue à détruire le monde tel qu’il est ».

Annick Mellerio

Actes Sud – Babel – 2021 (réédition) – 541 p.