Le Père Zanotelli est un missionnaire cambonien (ordre missionnaire né en Italie en 1847) qui en 1988 « quitte le monde des riches » pour s’immerger dans le bidonville de Korogocho à Nairobi, installé sur les ordures de la ville. Là, il prend conscience que les pauvres – en lesquels il voit Dieu – vivent en enfer. Il évoque sobrement les misères physiques et morales des habitants en survie et admire la foi qui les anime. Il crée des structures pour améliorer certains aspects de leur vie.

Mais surtout, il n’aura de cesse de dénoncer, par des écrits, par des conférences et dans des débats internationaux, la collusion entre économie et politique : « les puissances économiques et financières prennent les grandes décisions politiques ». Il fustige les systèmes politiques riches, dont celui de l’Italie, qui tolèrent que 80% des richesses soient accaparées par 20% des habitants. Il fustige également l’Église, complètement inféodée aux états dominants, qui se devrait pourtant de dénoncer le mépris à l’égard des pauvres et un comportement bourgeois lié à la société du bien-être. Il se met en opposition avec sa hiérarchie et signe des manifestes.

Son antenne principale est la revue cambonienne Nigrizia (Négritude) qu’il a dirigée de 1978 à 1987. Mais le livre réunit aussi des articles écrits dans divers journaux et fait de nombreuses allusions à d’autres écrits.

Ce livre très riche, tonifiant, présenté en petits chapitres pouvant se lire de façon discontinue, est un condensé de l’itinéraire et de la pensée d’Alex Zanotelli. Celui-ci est véhément pour défendre la cause des pauvres dont il a partagé la misère. Il entre dans une « sainte » ( ?) colère devant l’inaction des riches et de l’Église. Il se réfère à la théologie de la libération, « colle » au plus près au message évangélique pour lequel il entend mobiliser les énergies.

Jacqueline Konrat

Editions Flammarion – 2006 – 304 pages

Sur le même sujet, aux Editions Quart Monde : Dans les cicatrices de la ville