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Les politiques de lutte contre la pauvreté
- Politique, Europe
Description
Politiques sociales et familiales n°104
– Nouveaux pauvres, nouvelles politiques.
A partir du milieu des années 70, des individus considérés comme “normaux” émargent aux bureaux d’aide sociale ! Les associations, les administrations s’accordent alors sur l’idée que l’assistance doit tendre vers l’insertion. La création du RMI en 1988 “fait littéralement apparaître des hommes, souvent isolés, hébergés par des tiers, durablement éloignés du marché du travail”. A partir de 1995, la souffrance sociale est mise en évidence aussi bien chez les pauvres que chez ceux qui les aident. Au chômage de longue durée s’est ajouté un chômage récurrent, lié à la précarisation de l’emploi : bas salaire, faible durée, instabilité, sortie fréquente de l’activité et même du système de sécurité sociale. Ce n’est pas le reflet d’une crise passagère de la société salariale, mais bien de l’instauration d’une nouvelle norme de l’emploi. Les 2/3 des bénéficiaires potentiels du RSA activité n’y ont pas recours, les salariés modestes refusant d’être identifiés à des assistés. Les allocataires du RMI dont le revenu baissait en reprenant un emploi le faisaient malgré tout dans des proportions importantes.
– La Troisième Voie et la lutte contre la pauvreté au Royaume-Uni.
En 1997, 19,4% de la population se situe sous le seuil de pauvreté, plus d’un enfant sur quatre, contre un sur huit lors de l’arrivée des conservateurs. Après création d’un salaire minimum en 1999, le New Labour donne priorité à la mise en place d’un programme de retour à l’emploi, par le biais d’une formation, obligatoire pour obtenir les allocations, d’abord pour les jeunes, puis pour les parents isolés, en échange d’une garantie de prise en charge des enfants. La pauvreté a sensiblement reculé sous les gouvernements Blair et Brown, mais la persistance d’une pauvreté laborieuse montre que le retour à l’emploi ne peut être le seul axe de lutte contre la pauvreté.
– Activer les pauvres et les chômeurs par l’emploi ?
L’activation, qui repose sur des liens explicites entre le droit à la protection sociale et l’activité professionnelle, n’a pas entraîné une diminution de la pauvreté mais a permis la mise sous contrôle des dépenses sociales.
– Réduction de la pauvreté des enfants : comparaisons internationales.
Au sein de l’OCDE la tendance est au déplacement des risques de pauvreté des plus âgés vers les enfants et les jeunes. Les politiques familiales sont déterminantes dans l’évolution de la pauvreté des enfants. Les prestations en espèces et les services à la petite enfance arrivent ensemble à réduire le risque de pauvreté de plus de la moitié pour la moyenne de l’Union Européenne. Ces politiques devraient à la fois agir sur le long terme en fournissant des aides pour le développement personnel (éducation et services de santé), et sur le court terme (prestations en espèces).
– La pauvreté en Italie : quelques éléments de cadrage.
Le niveau de la pauvreté est plus élevé que dans la plupart des pays européens : taux d’emploi des femmes de 46%, grandes disparités régionales, faible impact redistributif de la fiscalité, importance du travail indépendant (5 millions de personnes). Les salariés et les jeunes sont les plus touchés. C’est un des rares pays d’Europe à ne pas avoir mis en place de revenu minimum. La carte sociale de 40 €, réservée aux personnes âgées et aux ménages pauvres qui ont au moins un enfant de moins de 3 ans, ne concerne que 18% des ménages les plus pauvres.
– En France, la montée en charge du revenu de solidarité active (RSA) concerne 6% de la population métropolitaine en 2009. Les entrées et sorties du droit sont très nombreuses.
– Analyse de la pauvreté en région PACA. En décembre 2009 la pauvreté infantile concerne 290 000 enfants de moins de 18 ans, soit 28,5%. Plusieurs causes : absence d’emploi, structure familiale (monoparentale ou nombreuse) et précarité de l’emploi. La pauvreté des enfants est devenue un indicateur central du niveau de pauvreté.
– Quelles logiques d’activation de l’État social en Europe ?
Les pays nordiques sont davantage portés sur le développement des services tandis que l’Europe occidentale est axée sur les transferts sociaux financiers. Dès 1980 l’agenda libéral implique la réduction des dépenses sociales et de la protection des individus sur le marché du travail et le travail en échange de prestations : les droits sont de plus en plus subordonnés à des responsabilités ; l’action publique vise davantage l’individu qui tend à être réhabilité et sa mise en marge témoignerait de sa déficience.
Annick Mellerio
Caisse Nationale des Allocations Familiales (CNAF) – 2011 – 123 p.