Mardi 27 mai s’est tenue une rencontre du Réseau Wresinski Écologie et Grande Pauvreté,autour des différentes attitudes au sein de la population française face aux catastrophes écologiques. Andreu Solé, sociologue, économiste et professeur émérite à l’École des hautes études commerciales de Paris (HEC), a pu présenter les résultats d’une recherche qu’il a menée auprès de publics divers incluant des militants écologistes et des chefs d’entreprise.
Grâce à son travail de terrain, Andreu Solé a défini cinq types d’attitudes face aux catastrophes écologiques : le développement durable, qui consiste à rendre durable, par des petites mesures, la société existante, sans la modifier ; la décroissance, qui correspond à une limitation acceptée des besoins de la population et à l’invention d’une nouvelle société fondée sur une autre conception du bonheur et une véritable démocratie ; l’urgence vitale, portée par une forte anxiété vis-à-vis de la crise climatique, mais aussi par un vrai espoir dans l’avènement d’une nouvelle société en harmonie avec la terre et le vivant ; l’attitude franciscaine, qui, comme l’ont montré le Pape François et le nouveau Pape Léon XIV, voit la Terre comme une « maison commune » et établit un lien entre économie, écologie et pauvreté ; et enfin le déni, qui est la négation totale du problème et la condamnation de toute contrainte écologique, dans le but d’instaurer une liberté d’entreprendre totale.
Des catégories évidemment artificielles, comme l’a précisé Andreu Solé, parfois opposées ou complémentaires, mais qui peuvent aider à se situer soi-même et les autres dans la multitude de réactions que l’on peut entendre autour de soi. Le chercheur a ensuite tenu à proposer une mise en perspective historique des différentes conceptions de la Nature. Une notion à son avis bien plus appropriée que celle d’écologie. L’Homme existe-t-il en dehors de la Nature ? La Nature a-t-elle été créée pour subvenir aux besoins de l’Homme ? Chasseurs-cueilleurs, premiers philosophes grecs, religions monothéistes, Saint-François d’Assise ou encore Charles Darwin : autant de manières différentes de concevoir l’Homme, la Nature et leurs liens, que l’on peut associer directement aux cinq attitudes citées.
Andreu Solé a donc dressé un constat clair : notre société est aujourd’hui marquée par l’individualisme, par la maltraitance des catégories les plus faibles, l’effondrement des solidarités, la montée de l’extrême droite, l’augmentation des inégalités et de la peur du lendemain. « Une société dans un tel état est-elle capable de repenser sa relation à la Nature ? », s’est donc demandé le chercheur. Une autre question a aussi émergé spontanément au cours de la rencontre : « Où chercher de l’optimisme ? ». Pour le professeur, on peut le trouver dans l’action collective, la révolte, mais aussi chez les jeunes enfants. C’est d’ailleurs ce qu’a partagé Joëlle, militante Quart monde de Bordeaux : « Les enfants sont beaucoup plus attachés que nous au respect de la nature. Nos actions auprès des enfants, que ce soit les bibliothèques de rue ou le groupe Tapori, sont de bons endroits pour avancer vers l’éducation de nous tous ». Irene Fodaro