Pendant cinq jours, les jeunes participant à la rencontre européenne ont échangé sur leurs vécus, leurs expériences et ont partagé leurs rêves et leurs espoirs. Voici leurs témoignages dans le premier volet de notre série en trois épisodes.
Shaun, 29 ans, Suisse
J’avais déjà participé à la rencontre européenne de 2017, aux Pays-Bas, où j’animais un atelier, comme ici à Méry-sur-Oise. Je trouve important de créer des choses, modeler la matière, maîtriser un peu ce qui nous entoure. On est aujourd’hui dans une société où on manque de temps pour créer. Ici, on a essayé de faire des boucles d’oreilles en bois. L’idée, c’est de faire ensemble, sans s’imposer, de s’adapter au rythme de chacun. Je pense que la société du futur doit être plus locale, avec un échange d’informations locales : savoir ce que je peux apporter à l’autre et ce qu’il peut m’apporter, avoir une sorte d’autonomie dans son environnement, vivre en fonction de l’endroit, savoir aussi mieux ressentir son corps, s’écouter. Quand on a trop la tête dans le guidon, on oublie l’essentiel : nous avons en face de nous des humains.
Andreea, 25 ans, Roumanie
J’aimerais une société dans laquelle les femmes bénéficient d’une éducation au même titre que les hommes, surtout une éducation sexuelle parce que je trouve que c’est très important. On peut tomber enceinte, être dans des situations difficiles. Je ne veux pas dire qu’un enfant constitue une situation déplaisante, mais, lorsqu’on est à peine adolescente, ça rend la vie beaucoup plus difficile, ça limite les choix. J’aimerais fonder une association qui aide les femmes à bénéficier d’une éducation sexuelle, à connaître les risques auxquels elles s’exposent.
Pendant la rencontre, ça m’a touchée de voir que je n’étais pas la seule à avoir eu une expérience de travail pourrie. Je sais que ce n’est pas un événement où l’on raconte simplement son expérience et cela reste ici. Nos propositions et nos doléances seront transmises, il y aura des conséquences. J’aimerais que cela aboutisse à la création d’un monde du travail dans lequel nous ne sommes pas jugés ou discriminés selon notre aspect, nos origines… Cette rencontre m’a aidée à grandir.
Jérémie, 29 ans, Paris
Dans cette rencontre, on communique entre nous comme si on était tous amis depuis longtemps. Au bout de trois jours, c’est déjà comme une famille.
Pour avoir une société meilleure, je pense qu’il faut investir beaucoup sur l’éducation et la formation. C’est la base de tout, pour les enfants, mais aussi pour les adultes, qui ont besoin d’apprendre tout le temps. Il faut développer les centres de formation. Il faut aussi développer la lecture pour les générations futures et mettre des limites aux réseaux sociaux, au monde numérique. Il faut aussi enseigner aux jeunes le respect des aînés, leur rappeler qu’avant eux, il y a eu une autre génération.
Anne-Louise, 22 ans, Belgique
Il faut trouver des solutions contre le harcèlement, les injustices à l’école, mettre tous les enfants au même niveau. Il faut arrêter de juger sans connaître la personne, de mettre des étiquettes, de faire des différences entre les gens. Toute ma jeunesse, j’ai souffert des préjugés. C’est un manque de respect. Mais c’est difficile de faire changer le regard de la société. Il faut que tout le monde s’engage à essayer d’avoir moins de défauts, à ne pas montrer le mauvais exemple. On est dans un monde qui n’est pas normal. Il y en qui ont peur que leur enfant grandisse dans un monde pauvre, qu’il n’ait rien. Ils ont envie qu’il ait un diplôme, un métier, qu’il puisse acheter une maison. Tout parent veut que son enfant soit comme ça et pas qu’il soit au chômage. Il y a assez de métiers à exercer pour tout le monde. Il faut aussi que l’école s’engage à être plus attentive aux élèves, qu’elle laisse une chance à tout le monde.
Sébastien, 22 ans, Luxembourg
J’ai vécu beaucoup de harcèlement, j’ai subi le regard des autres, parce que j’ai vécu dans la rue. Ici, presque tout le monde a un peu vécu la même chose, on peut en parler. Les gens doivent plus ouvrir les yeux, ne pas les fermer devant la misère qui existe dans les rues et dans les écoles. Je me rends bien compte que ce n’est pas très facile, mais quand on n’essaye pas, on ne peut rien changer.
Photos : © Carmen Martos et Julie Clair-Robelet