Depuis 2018, Marie-Françoise Da Costa membre du groupe local de Toulouse à la dynamique formation organise chaque année un atelier au sein du Caousou, lycée Jésuite de la ville : « J’ai été sollicitée par la responsable de la pastorale du lycée jésuite où j’étais professeure, dans le cadre d’ateliers en seconde « Aller à la rencontre de soi, des autres ou du Tout Autre ». Elle m’a proposée un atelier sur le thème de l’exclusion et l’intégration en lien avec ATD Quart Monde »
Cette initiative est un moyen de mettre en lumière les principes du mouvement mais surtout de faire en sorte que les jeunes puissent s’interroger sur la question de la grande pauvreté en France en se confrontant au vécu des personnes vivant dans cette situation. L’atelier principal leur permet notamment d’apprendre le braille, le langage des signes ou de faire du théâtre avec des personnes possédant un handicap.
L’organisation de l’atelier
En 2019, l’atelier comptait une vingtaine d’élèves et s’étalait sur cinq séances, toutes de plus ou moins une heure.
Les jeunes lycéens ont pu se confronter à plusieurs outils fournis par ATD que ce soit des livres, des revues, des clips vidéos ou des films.
Un atelier qui permet de croiser différents outils
Les séances de l’atelier ont pour but de comprendre la vie des personnes en situation de pauvreté. Les outils permettent de s’informer sur ce sujet tout en déconstruisant des préjugés qu’on pourrait potentiellement avoir.
Plusieurs livres sont mobilisés. En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté publié aux éditions Quart Monde en 2020 est un moyen pour que les jeunes se confrontent à certains préjugés : « J’ai extrait dix-sept affirmations du livre sur les idées fausses et les préjugés sur les pauvres et la pauvreté. Une bonne majorité pense par exemple qu’il n’est pas vrai que les pauvres font tout pour profiter au maximum des aides. On échange en définissant la pauvreté et en déconstruisant ces idées fausses » explique Marie-Françoise.
Les livres sont aussi un moyen d’avoir des témoignages ou des parcours de vie notamment sur l’histoire de Joseph Wresinski ou sur des militants comme Nelly dont le récit est décrit dans les 1001 histoires d’ATD Quart Monde. L’ouvrage de Bruno Tardieu quand un peuple parle est lui aussi mobilisé durant cet atelier. Les jeunes réagissent à ce qu’ils apprennent : « ATD permet de leur faire prendre conscience qu’ils peuvent réussir. Les pauvres se sentent coupables. On peut être pauvre et avoir une grande intelligence »
En plus des livres, Marie-Françoise présente certains articles publiés par le mouvement. La revue quart monde numéro 215 et l’article intitulé Kisangani Smith Group permet aux lycéens de comprendre les actions qui peuvent être mises en place afin de lutter contre la pauvreté avec l’exemple de Reuben, membre d’ATD Quart Monde en Tanzanie.
Ces outils sont une bonne base de discussion nous explique t-elle : « Chaque fois on partage ce que l’on comprend et apprend, ce que l’on découvre et ce qui nous étonne. »
Les vidéos viennent compléter les ouvrages et c’est aussi un moyen de découvrir le combat du mouvement d’une manière différente. Les vidéos de Vincent Verzat permettent justement de présenter le mouvement de façon très clair. Des vidéos comme « Croiser les savoirs, agir oui mais comment ? », la vidéo sur les universités populaires au Canada ou encore « la misère est violence » sont venues nourrir le débat :« On ne demande pas leur avis sur les mesures contre la pauvreté alors que ce sont eux qui en bénéficient. Ce n’est pas normal ».
Des lycéens réceptifs qui prennent la parole
Au cours de l’atelier, les jeunes s’expriment et n’hésitent pas à donner leurs avis pour développer ce qu’ils pensent de ce sujet :
« J’étais consciente de la pauvreté mais j’ai appris que pour détruire la pauvreté, le plus important c’est de redonner confiance et dignité aux pauvres. Maintenant, je sais qu’il faut travailler avec eux et non pour eux. Il faut arrêter de faire des différences entre les riches et les pauvres ».
« Durant cet atelier avec ATDQM, j’ai appris que les personnes dans la misère se sentent isolées et n’ont pas toujours les mots pour s’exprimer. Ils sont souvent dans le silence et se sentent jugés. Certains ne savent pas qu’ils ont des aides comme le RSA ou n’osent pas aller dans les musées. D’autres se font retirer leurs enfants ou logent dans des lieux malsains. J’ai appris beaucoup de choses que je ne pensais pas ou que je n’imaginais pas. Avant l’atelier, je pensais que les pauvres ne souhaitaient pas s’en sortir alors qu’en réalité, ils désirent apprendre mais ils ont besoin d’aide et d’être écoutés pour cela. »
« J’ai compris que pour faire avancer les plus pauvres il faut leur montrer de quoi ils sont capables sans faire à leur place. Ils doivent se sentir exister et à leur place et non rejetés et mis à l’écart pour évoluer dans la société. Il est difficile pour eux de s’exprimer, c’est important qu’ils soient écoutés. Ils cherchent tous l’indépendance et sont prêts à aider leurs semblables. Nous devons être avec eux dans leur combat qui aurait pu être le nôtre. C’est bénéfique pour la société. »
La plupart des témoignages que Marie-Françoise a recueillis permettent aux lycéens de repenser la question de la pauvreté. Les jeunes comprennent qu’ATD Quart Monde souhaite travailler avec les personnes en situation de pauvreté, pas les assister.
Marie-Françoise conclue en affirmant que « ces paroles de jeunes redonnent de l’énergie quand on se sent découragés » .
Et la suite ?
Cette année, bien que les séances se soient réduites, Marie Françoise intervient auprès de deux groupes.
En plus d’avoir participé à des ateliers dans le cadre de cours d’éducation civique pour évoquer ce que représentait la notion de pauvreté, Marie-Françoise sera auprès des militants et alliés de Toulouse qui organisent le 12 et 13 avril des ateliers afin de parler des actions d’ATD Quart Monde. Ce sera pour elle l’occasion de transmettre son savoir en parlant de son travail et de son parcours.
Maire-Françoise Da Costa, Thomas Rigollet