À Cendras, près d’Alès, le projet d’un habitat plus durable et solidaire lancé par ATD Quart Monde suscite l’enthousiasme des habitants.
« Ici, tout le monde peut venir se poser autour d’un café, échanger, essayer de créer des projets », explique Mickaël. Le 6 mars, il est venu, comme souvent le jeudi, au « temps ouvert » organisé par ATD Quart Monde sur la place du village de Cendras, près d’Alès, dans le Gard. Quelques habitants passent, se renseignent sur les activités du quartier, sur les avancées des discussions avec le bailleur social ou encore sur la date du prochain repas partagé, qui réunit chaque mois entre 20 et 50 personnes.
Les quatre volontaires permanents présents pour le projet « Aujourd’hui Tissons Demain », Blandine, Nicolas, Élodie et Yves, développent ici, avec toutes celles et ceux qui le souhaitent, une démarche expérimentale autour des enjeux sociaux et environnementaux. Pour aller vers « un habitat social plus durable et solidaire », ils proposent des moments de discussion, des sorties, des chantiers d’embellissement du quartier et font le lien avec des initiatives autour de la transition écologique déjà très présentes dans la région, afin de les faire connaître aux habitants. Alicia raconte ainsi avec beaucoup d’enthousiasme comment elle a découvert la cuisson dans un four solaire, quelques jours plus tôt, lors d’une journée organisée par Biosphera, le Centre d’interprétation des vallées cévenoles.
La sagesse plutôt que la sobriété
Bruno a participé à une rencontre de la dynamique Écologie et grande pauvreté d’ATD Quart Monde dans le Jura et, avec Mickaël et d’autres, à une journée « Ensemble vers une transition écologique juste », organisée à Toulouse dans le cadre du Pacte des Solidarités. À la Bise, « j’ai entendu parler de ‘sobriété juste’, mais j’avais l’impression qu’on allait parler d’alcool. Pour moi, ça ne veut rien dire quand on parle d’écologie, ça crée de l’incompréhension. Il faudrait plutôt utiliser le mot ‘sagesse’, car il est temps d’être conscient qu’il faut préserver la planète et que cela soit un choix, tout d’abord personnel, mais aussi mondial », souligne Bruno.
Mickaël, lui aussi, trouve que « ce n’est pas si facile de parler d’écologie ». Il sait pourtant très bien trouver les mots pour évoquer les difficultés de mobilité ou de logement au quotidien. « Quand on est en situation de pauvreté, tout ce qui devrait être facile devient compliqué. Les transports en commun ne sont pas adaptés à ceux qui travaillent à 7 heures du matin. Alors il faut faire les 5 kilomètres à pied pour aller travailler. Et puis, il y a les logements sociaux qui sont mal isolés. Le loyer n’est pas cher, mais avec les pertes d’énergie qu’on a l’hiver dans nos logements, parfois tu as des factures qui sont plus chères que ton loyer. C’est quand même aberrant », détaille-t-il.
La démarche menée avec ATD Quart Monde leur permet ainsi de « se réunir pour être plus forts », explique Patricia, une autre locataire. Leurs doléances sont ainsi soumises aux institutions, comme la mairie ou le bailleur social, mais aussi leurs rêves et leurs souhaits, comme la transformation d’un bâtiment en habitation avec des espaces partagés. « Aujourd’hui, je m’aperçois que j’ai mon mot à dire. Cela permet de se projeter dans des choses concrètes », se réjouit Mickaël.
Photos : Sortie familiale à la ferme pédagogique et café des habitants autour de l’habitat social durable et solidaire. © ATD Quart Monde