Le collectif Construire ensemble la politique de l’enfance, dont fait partie ATD Quart Monde, alerte le gouvernement sur « une enfance en état d’urgence » et exige que la cause des enfants devienne un axe prioritaire du débat public en 2022 et au-delà.
“Un enfant qui naît aujourd’hui en France dans une famille très pauvre, on sait déjà qu’il vivra 13 ans de moins qu’un enfant qui naît dans une autre famille, plus favorisée. C’est un scandale”, affirmait Céline Truong, responsable du département Petite enfance-Famille d’ATD Quart Monde, le 8 octobre dernier. Elle participait à la conférence de presse du collectif Construire ensemble la politique de l’enfance (CEP-Enfance). Ce collectif, qui compte une centaine d’organismes signataires, présentait alors le livre “Enfance, l’état d’urgence. Nos exigences pour 2022 et après”, avant une manifestation organisée à Paris le 9 octobre.
“Entre 2018 et 2020, les acteurs intervenant auprès des enfants dans les domaines de la santé, l’éducation, le social, le champ psychologique, le droit, la protection de l’enfance ou la culture ont alerté le président de la République par courrier. Ces alertes sur la condition des enfants n’ont reçu aucune réponse. Elles ont été transformées, dans cet ouvrage, en interpellations pour l’élection présidentielle”, explique Christine Attali-Marot, membre du département Petite enfance-Famille. “L’état des enfants et la situation des services chargés de leur prise en charge sont tellement dégradés que, maintenant, il faut agir”, poursuit-elle.
L’enfant dans sa globalité
Le collectif exige notamment une politique publique universelle pour l’enfance. “Sans l’universalité, on risque d’avoir une politique de l’enfance à deux vitesses, avec une politique ciblée sur les enfants pauvres, stigmatisante”, détaille Christine Attali-Marot. “Un plan Marshall pour extirper 3 millions d’enfants et leurs familles de la pauvreté, le respect intégral des droits de l’enfant, la revitalisation des services publics pour l’enfance”, font également partie des dix exigences.
“La question de la pauvreté et de ses conséquences est une préoccupation centrale pour l’ensemble des membres du collectif, qui regardent l’enfant dans sa globalité. Tous ont conscience que des enfants, et leurs parents, peuvent avoir besoin, à un certain moment, de quelque chose de différent des autres. Mais cela ne fait pas d’eux des personnes différentes des autres. Ce sont aussi des enfants et des parents qui ont les mêmes droits que les autres. Et tous les enfants ont à y gagner”, explique Céline Truong.
Suite à la manifestation, des membres du collectif ont été reçus par un conseiller du secrétaire d’État chargé de l’enfance et des familles. Un courrier lui a également été envoyé, ainsi qu’aux parlementaires, pour les alerter sur la question des expulsions des familles et sur la situation de la PMI (Protection maternelle et infantile) dans le cadre de la loi sur la protection des enfants en cours de débat au Parlement. Le collectif interpellera par ailleurs les candidats à l’élection présidentielle lors d’une rencontre le 29 janvier. “La mobilisation ne s’arrêtera pas une fois le président élu. Nous voulons mettre les décideurs devant leurs responsabilités”, conclut Céline Truong.
Enfance, l’état d’urgence
Collectif CEP-Enfance, Éditions Ères, 2021, 392p., 19,5 €
Préfacé par l’ancienne Défenseure des enfants, Claire Brisset, ce livre propose les contributions de 61 organisations et liste les dix exigences du collectif.
Photo : Manifestation du CEP-Enfance le 9 octobre à Paris © G. Renimel, ATD Quart Monde
Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de décembre 2021.