La chronique de Bella Lehmann-Berdugo
En attendant la réouverture des salles de cinéma, voici quelques films en DVD ou Vidéo à la demande, à voir ou à revoir.
Deux films positifs et gais pour se sentir bien
Swagger
Olivier Babinet. Documentaire. France. 2016. 1h24.
Onze enfants et adolescents d’Aulnay et de Sevran, aux personnalités parfois inattendues, qui grandissent au cœur des cités les plus défavorisées de France. Ils nous regardent droit dans les yeux et nous disent comment ils voient le monde à travers leurs regards bien à eux, leurs réflexions drôles et percutantes. En mélangeant les genres, de la comédie musicale à la science-fiction, le film donne vie à leurs rêves, à leurs ambitions. À faire mentir des préjugés sur les banlieues. Coup de cœur!
L’ascension
Ludovic Bernard. Fiction. France. 2017. 1h43.
La Courneuve, en Seine-Saint-Denis (93), altitude 29 mètres. Samy, d’origine sénégalaise, est amoureux de Nadia qui n’est pas très convaincue. Pour lui prouver son amour, sur un pari, il se lance sans aucune préparation dans l’ascension de l’Everest, 8 843 mètres. Il obtient le financement d’une radio locale. Dès lors, l’aventure devient l’affaire de tout le « 9-3 » : les parents de Samy, ses amis, son professeur qui croyait en lui, les voisins de différentes communautés qui ne se parlaient pas.
Le rythme du film et l’humour pêchent un peu, mais l’énergie d’Ahmed Sylla (humoriste) nous conquiert. Une aventure anti-préjugés, qui mélange fierté, solidarité et cœur, idéale à voir en famille. D’après l’histoire vraie de Nadir Dendoune, premier Franco-algérien sur l’Everest.
Deux films forts, pour palpiter comme au cinéma
7 Minutes
Michele Placido. Fiction. Italie. 2018. 1h30. VOST.
Une usine textile italienne vient d’être cédée à une multinationale. Les dirigeants sablent le champagne. Pendant ce temps, onze ouvrières, représentantes syndicales, sont réunies à huis clos : pour conserver leur emploi, elles doivent renoncer à sept minutes de leur pause déjeuner tous les jours. La décision est mise au vote. Chacune a son histoire, sa personnalité, ses contraintes. Construit comme un thriller psychologique, le récit suit les débats à huis clos : il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises raisons. Une histoire de lutte pour les droits et de dignité humaine : jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour travailler ?
4 minutes
Chris Kraus. Fiction. Allemagne. 2006. 1h52. VOST.
Depuis soixante ans, Traude Krüger enseigne le piano à des détenues. Elle rencontre Jenny, jeune femme incarcérée pour meurtre et sent immédiatement en elle une sensibilité et un don inné qui pourraient faire d’elle une musicienne prodige. Elle propose de la préparer pour le Concours d’entrée du Conservatoire. La jeune fille, violente et suicidaire, est réfractaire à toute discipline. Malgré des lourdeurs mélodramatiques, deux interprètes très investies pour un face à face d’une grande intensité émotionnelle.
Les films qui devaient sortir en janvier
Un triomphe
Emmanuel Courcol. Fiction. France. 1h46. 20 janvier.
Un acteur sur le déclin mène un cours de théâtre en prison. Malgré les freins, les violences contre soi, les détenus se prennent au jeu. Des dialogues bien sentis. Pour jouer En attendant Godot, qui mieux qu’eux incarnerait l’attente ? Il leur offre une soupape et un chemin d’émancipation. Inspiré d’une histoire vraie en Suède.
Les 2 Alfred
Bruno Podalydès. Fiction. France. 1h32. 20 janvier.
Un chômeur quinquagénaire, chargé de famille, tente de s’intégrer dans une start-up de trentenaires où le maître mot est : pas d’enfant à charge. Il croise Arcimboldo, électron libre et chauffeur Uber. Dans un futur très proche peuplé de drones, une comédie humaine bien contemporaine entre cauchemar, poésie et tendresse.
Vitalina Varela
Pedro Costa. Fiction. Portugal. 2h04. VOST. 13 janvier.
Vitalina débarque du Cap Vert au Portugal après la mort de son mari immigré, sans nouvelles de lui depuis vingt-cinq ans. Entourée d’acteurs non professionnels comme elle, une femme « oubliée », sur les traces de son homme défunt entame un impressionnant chemin de résilience. Un regard habité, une stature photogénique, une lumière sombre somptueuse, en décors reconstitués. Il faut entrer dans les silences, les lenteurs. Des êtres relégués aux bas-fonds d’une ville sortent de l’obscurité.
Il mio corpo
Michele Pennetta. Fiction. Italie. 1h33. VOST. 30 décembre 2020.
Deux vies explorées en parallèle : Oscar, adolescent sicilien morose, piégé dans sa condition de pauvreté, récupère de la ferraille avec son père. Stanley, nigérian, travailleur précaire, en lien avec le monde comme il va, dans un pays lumineux. D’authentiques personnes deviennent ici héros de leur propre histoire. Sans discours inutiles.
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