Samedi 1er juin, plus de soixante-dix personnes de toute la région Bourgogne Franche-Comté, membres d’ATD Quart Monde ou amis refusant la misère, se sont retrouvées dès le matin à la maison de La Bise (Jura) pour une Université Populaire autour du thème « Les relations qui nous soutiennent, qui nous renforcent ». Au moment du repas une trentaine d’amis et familles du secteur ont rejoint les participants pour prendre part aux ateliers : fresque du climat, pétanque, peinture, fresque, cyanotype crêpes et échanges conviviaux en tous genre qui se sont déroulés tout l’après-midi dans une ambiance cool et chaleureuse.
Une dizaine de groupes venant de cinq départements de la région (Saône et Loire, Yonne, Côte d’or, Jura et Doubs) s’étaient préparés localement et ont partagé le fruit de leurs échanges. “L’entraide, la solidarité, le partage, c’est vital pour nous”.
Beaucoup de gens ont parlé, il y a eu de vrais échanges. Des personnes venues pour la première fois ont aussi pris la parole comme Mireille. Après s’être échappée de l’Université populaire,“il y a trop de monde !“, elle est revenue et a partagé spontanément au micro qu’une des façons de construire l’amitié, c’est de s’inviter à boire le café et à manger des gâteaux. Elle conclura la journée en confiant : “à la Bise, j’ai vaincu mon agoraphobie !”
“Je préfère aller aux champignons avec un ami. Tant qu’un ami ne m’a pas amené à ramasser les champignons, je ne les mange pas”, a déclaré Paul, approuvé par tout le monde : l’amitié se base sur la confiance.
Les participants ont également réfléchi ensemble à comment faire vivre ces relations qui sont importantes ?
Les lieux de rencontres, comme les jardins du partage, la maison de vacances familiales, les repas de quartier ou un accueil de jour sont des espaces qui font du bien. Il a été relevé qu’il faut du temps pour passer de la peur, de la méfiance, à la confiance, à une vraie amitié.
Les conditions du partage
Enfin, toutes et tous ont réfléchi aux conditions pour un partage qui respecte la dignité de tous. “On se dépanne, on se remonte le moral, une vraie amitié a besoin que ça soit dans les deux sens”, réciprocité nécessaire, comme l’a confirmé Fabienne : ” j’en ai marre de recevoir, trop recevoir c’est la honte. Alors moi, de mon côté, je donne. Je n’ai pas grand-chose, mais j’arrive encore à partager avec un monsieur qui vit dehors pour qu’il ait quelque chose. J’aime plus donner que recevoir. C’est mon cœur qui parle.” Et Hervé : “nous, à la rue, pour entretenir nos relations on se dépanne en clopes. Quand t’en n’a pas tu en demandes, et quand tu en as, tu en donnes ! Si tu es toujours celui qui demande ça va pas, si tu es toujours celui qui donnes, ça va pas non plus.”
En écho à ces réflexions, Étienne Faure, délégué épiscopal pour la solidarité et l’écologie intégrale, invité de cette Université populaire, a fait respirer les participants : pas de vie sans respiration… et la respiration est faite d’inspirations, “je reçois“, et d’expirations, “je donne“.
Pour illustrer la force de l’entraide, il a raconté les multiples relations qui permettent la vie. La mousse qui vient coloniser les roches ou le béton pour créer un sol, les champignons et les plantes qui se partagent de nombreux éléments pour favoriser leur croissance mutuelle… Il a joliment conclu cette Université populaire en citant les chercheurs Pablo Servigne et Gauthier Chapelle, dans leur ouvrage L’entraide, l’autre loi de la jungle : “De tout temps, les humains, les animaux, les plantes, les champignons et les micro-organismes ont pratiqué l’entraide. Ceux qui survivent le mieux aux conditions difficiles dans le temps, ce ne sont pas forcément les plus forts mais ceux qui s’entraident le plus”.
Il ne restait plus, pour mettre en actes ces belles paroles, qu’à partager un bon repas dehors et à profiter paisiblement de la joie d’être ensemble, ce qui fut fait haut la main, et avec plaisir. C’était l’occasion de créer des liens avec d’autres groupes, de s’exprimer à travers les créations. Les participants sont repartis avec une impression de liberté dans ce cadre au milieu de la nature. Et comme “la pluie, à notre départ, c’est la Bise qui pleure cette belle journée !”.
Photos : © Monique Lassagne