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Vivre avec les plus pauvres : pourquoi ? Comment ?

Des volontaires permanents et des alliés d’ATD Quart Monde s’installent dans des quartiers défavorisés et des zones rurales abandonnées. Ils partagent le quotidien des habitants pour mieux combattre ensemble la pauvreté. Témoignages.

Ils partent vivre dans des quartiers réputés difficiles et dans des communes isolées. Ils font des rencontres, nouent des liens, accompagnent lorsque le besoin s’en fait sentir, se fondent parmi les habitants pour mieux les comprendre, permettre aux plus isolés d’oser rejoindre les lieux faits pour tous et construire ensemble des projets locaux qui feront progresser la lutte contre la pauvreté … Volontaires permanents à ATD Quart Monde, ils sont « en présence », une mission aux fondements mêmes du Mouvement. « Tout est né d’une vie partagée, jamais d’une théorie », disait ainsi son fondateur Joseph Wresinski.

C’est lui qui a ouvert la voie. Envoyé par son évêque dans le camp de Noisy-le-Grand en novembre 1956, le prêtre décide de s’installer dans ce bidonville de baraques en tôle où les habitants survivent dans des conditions déplorables. Au départ, il parle d’« enfouissement », c’est-à-dire de partager la vie des habitants, les privations et les humiliations, les moments de joie aussi.

Cette présence est, selon Wresinski, la condition pour agir ensemble, avec les plus exclus, pour la libération de ce peuple du Quart Monde, loin des bonnes âmes compatissantes qui viennent distribuer la soupe populaire et repartent. « La présence du volontariat garantit que les plus démunis auront la première place dans tout projet », souligne Wresinski.

A Marseille, à Paris, à Rennes, en Bretagne, dans le sud-ouest… Une quinzaine de membres d’ATD Quart Monde assument aujourd’hui cette mission  » présence par l’habitat « . Ils rencontrent des personnes sans domicile dans les accueils de jour, aident à renouveler une adhésion à la CMU (couverture maladie universelle), invitent un esseulé à Noël, lisent des livres dans les médiathèques… Le Journal d’ATD Quart Monde a donné la parole à trois de ces volontaires « en présence ».

La présence

En 2010, le bureau d’orientation d’ATD Quart Monde présente ainsi cette mission : « La présence par la vie quotidienne, l’habitat, le travail… est constitutive de l’identité du Mouvement. C’est le premier lieu d’ancrage parmi les plus pauvres et le moyen prioritaire pour leur signifier notre profonde solidarité avec eux. Elle est une manière de rejoindre les personnes en précarité dans leur combat quotidien pour leur offrir le Mouvement, afin qu’elles découvrent qu’elles ne sont pas seules, que leur résistance a un sens et que, jointe à celle d’autres, elle est une espérance.
Une telle présence crée des responsabilités : celle de l’écriture (le volontaire doit écrire tous les jours, ndlr) et du partage de ce que l’on apprend. Elle est aussi une formation pour chacun : elle forge notre compréhension, façonne notre regard et notre façon d’être. »
« La misère ne peut être éradiquée que si nous parvenons à rejoindre ceux qui ont été les plus atteints par la grande pauvreté et si nous travaillons avec eux » (Assises 2009 sur le volontariat)

A lire

Si loin, si proches
Anne de Margerie
2014, Éd. Quart Monde, 56 p., 3 €
L’auteure, membre d’ATD Quart Monde, a passé plusieurs mois « en présence » à Noisy-le-Grand pendant la phase de démolition de la cité, partageant le quotidien des derniers habitants, entre portes et fenêtres murées.

Germaine
Maryvonne Caillaux
2002, Éd. Quart Monde, 64 p., 2 €
À La Nouvelle-Orléans, une bibliothèque de rue permet la rencontre entre une volontaire d’ATD Quart Monde aux États-Unis et Germaine, l’aînée d’une famille afro-américaine à la vie difficile.