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« Une société qui laisse de côté les plus pauvres n’est pas digne »

Des alliés et des militants Quart Monde décortiquent les propositions d’ATD Quart Monde et expriment leurs attentes à l’égard des candidats.

Ils l’avouent sans détour : voir ATD Quart Monde mettre en avant la sécurité les a d’abord surpris, voire choqués. « Je trouve ça gonflé. Mais finalement, l’idée est plutôt bonne », affirme Benoît Hooge, allié à Rennes. « Le mot ‘sécurité’ ne veut pas du tout dire la même chose dans la bouche des uns ou des autres. Il peut véhiculer des images clivantes », pointe Anne-Claire Terrien-Delestre, alliée à Rennes. « On entend à longueur de journée les discours sur l’insécurité qui viendrait des migrants. Il faut contrer ces paroles et montrer que, pour nous, la sécurité, c’est celle d’une société accueillante et ouverte pour tous », souligne Joseph Allouard, allié à Brest.

Pour Nathalie Monguillon, militante Quart Monde de Dijon, ce thème s’impose. « La pauvreté, c’est hyper insécurisant. Il n’y a pas un moment où je me dis que je suis tranquille. On est tout le temps obligé de calculer comment on va finir le mois. La façon dont on gère notre argent est décortiquée et cette intrusion est une sacrée violence, tout comme le calcul des aides par trimestre entraîne une insécurité permanente », explique-t-elle.

Des propositions concrètes

Et s’ils avaient la possibilité de faire accepter à un candidat une proposition concrète, que choisiraient-ils ? La question fait débat entre les membres du Mouvement, car tous les droits fondamentaux sont liés et on ne peut les hiérarchiser. Lucienne Soulier, militante Quart Monde de Dijon, estime néanmoins nécessaire de « rendre le droit au logement effectif, car ne pas avoir de logement ou un logement dégradé met la santé des gens en danger, ça empêche d’avoir un emploi ou une scolarité stable… ».

Benoît Hooge aimerait que « la question de l’avenir de la planète et de la manière dont cela va toucher les plus pauvres » soit davantage mise en avant. Sans hésiter, Nathalie Monguillon propose, pour sa part, d’assurer un montant fixe des minima sociaux, qui ne pourrait être réduit. « Aujourd’hui, on reproche aux personnes qui touchent des aides d’être responsables de leur condition, mais si elles tentent de travailler pour gagner un peu plus, cet argent est retranché des aides et cela leur supprime des droits. On tourne en rond, c’est un véritable enfermement », décrit-elle.

Marie-France Verbaenen, alliée à Nantes, met en avant « deux propositions en espèces sonnantes : l’augmentation du RSA à 850 euros par mois par personne, avec une réévaluation annuelle et sans impact sur les autres droits connexes ; et le fait de garantir à toutes et tous un accès internet à un tarif minimal, sans coupure possible, avec du matériel et une formation adaptée pour l’utiliser ». Joseph Allouard souhaite avant tout que le ou la future présidente de la République « considère les progrès de la société à l’aune de la qualité de vie des plus démunis ». Il a en effet été marqué par le fait que le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté soit passé de 7,8 millions à 9,3 millions en 15 ans, alors que, dans le même temps le PIB a augmenté de 30 %, selon les chiffres de l’Insee.

La mesure à mettre en œuvre le plus rapidement possible, pour Benoît Hooge, est d’associer les plus pauvres à l’élaboration des politiques publiques, à leur mise en œuvre et à leur évaluation. « On commence à avoir pas mal d’expériences concrètes, avec le RMI, la CMU, Territoires zéro chômeur de longue durée… On peut montrer combien c’est efficace. Cela demande du temps, mais les résultats sont tout à fait remarquables », détaille-t-il.

Contrebalancer les idées fausses

Que peuvent faire maintenant les membres d’ATD Quart Monde avec ces propositions ? « C’est notre responsabilité de les porter dans le débat public », estime Benoît Hooge. « Il faut demander aux médias de les relayer, car elles sont centrales pour toute la société », ajoute Patrick La Prairie, allié de Brest. « Le Quart Monde n’est pas une niche électorale à qui il faut donner des miettes pour espérer qu’elle vote pour vous. Une société qui laisse de côté les plus pauvres n’est pas digne et cela touche l’ensemble de la population », poursuit-il.

« Il faut contrebalancer les idées fausses qu’on entend sur les personnes immigrées, sur les assistés, alors qu’on n’entend pratiquement rien sur le respect des droits fondamentaux qui sont chaque jour bafoués », constate Jean Degand, allié de Laval. Chacun peut donc aller défendre dans une réunion publique, lors d’une rencontre avec un candidat ou son équipe et même dans son entourage, les propositions d’ATD Quart Monde.

Vous aussi, participez à cette campagne avec ATD Quart Monde.

Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de février 2022.