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Projet « École, familles, quartier, ensemble pour la réussite de tous les enfants » Lille-Fives (Lettre n°68)

Contexte et organisation

Notre équipe de promotion familiale, sociale et culturelle a été très mobilisée durant l’année 2015-2016 par un grand projet, proposé par ATD Quart Monde et le centre social Mosaïque du quartier de Fives à Lille, réfléchi avec des enseignants, des inspecteurs, et l’Union régionale des centres sociaux du Nord et du Pas-de-Calais. Des parents participent en outre au comité de pilotage.

L’objectif est de travailler à améliorer le lien entre les familles et l’école, car on sait bien que la confiance réciproque, la compréhension mutuelle, sont indispensables pour que les enfants apprennent. Et pourtant, le dialogue demeure parfois difficile avec certaines familles, parfois il n’existe pas. Cela compromet la réussite de certains enfants. À Fives, notre collaboration avec les écoles du quartier sur ce thème a pris forme au fil des ans en menant la campagne des Droits de l’enfant dans les classes, par l’action des Petits Mots à la sortie des écoles… La difficulté était de trouver des temps longs où tous les éducateurs des enfants (parents, enseignants, acteurs de quartier) puissent travailler ensemble à découvrir les leviers qui favorisent et les blocages qui freinent la réussite de tous les enfants. L’occasion s’est présentée au moment de la mise en place du dispositif REP+ dans les écoles de Fives à la rentrée 2015, permettant aux enseignants d’être remplacés dans leur classe 18 demi-journées par an pour des moments de formation.

Les objectifs de cette formation ont été coécrits par ATD QM, le centre social Mosaïque et l’Éducation nationale ; puis nous nous sommes mis d’accord pour un format de 3 demi-journées à l’animation inspirée du Croisement des Savoirs et des Pratiques.

Les objectifs de la formation

1/ Donner à chacun (école, acteurs de quartier, toutes les familles y compris les plus éloignées) la parole et toute sa place pour construire ensemble la réussite de tous les enfants.
2/ Expérimenter une démarche ( et des outils) qui permette la coopération entre tous les acteurs à l’échelle d’un territoire au bénéfice de la réussite de tous les enfants.
3/ Faire naître des projets coopératifs, au service des objectifs précédents et de la réussite de tous les enfants.

3 séances de 3 heures

1/ Janvier 2016 : nos représentations mutuelles « qu’est-ce que réussir à l’école ? »
2/
Mars 2016 : « qu’est-ce qui aide ou n’aide pas à la réussite des enfants ? »
3/
Mai 2016 : débats : en route vers l’action

« Qu’est-ce que je peux faire ? » ; « en quoi j’ai besoin de l’autre ? »

4 groupes de pairs

– 1 groupe de cinq parents qui n’ont pas bien vécu l’école lorsqu’ils étaient enfants.
– 1 groupe de cinq parents qui ont bien vécu l’école.
– 1 groupe de quinze enseignants de 6 écoles (primaires ou maternelles).
– 1 groupe de neuf acteurs de quartier : animateurs, travailleurs sociaux, …

Nous nous sommes formés, avec la directrice du centre social et son responsable enfance-jeunesse, une directrice d’école, un enseignant en poste médiation-violence, la responsable de la formation de l’union régionale des centres sociaux du Nord, à l’animation des groupes de pairs : sacrée aventure, une réunion avant chaque séance pour vivre nous-mêmes ce que nous demanderons à notre groupe lors de la formation…

Cela aura été notre façon de faire tout au long de ce gros travail : une formation, c’est faire vivre à la personne ce qu’on veut lui apprendre. Alors, nous, organisateurs et animateurs, nous sommes appliqués cette règle autant qu’aux participants à la formation !

 

Les attentes formulées par chaque participant avant le démarrage du projet :

« J’aurais aimé que tout ça existe à l’époque de mes parents: avant, il n’y avait pas pas assez d’explications sur comment fonctionne l’école, etc. Ça m’aurait aidé à l’époque où j’étais élève. » (Parent)

« On a des familles de milieux très différents à l’école, certaines ont peur de l’école. Je voudrais savoir comment faire pour mieux les aider, sachant qu’on fait déjà plein de choses… mais pour faire mieux encore. » (Enseignant)

« Ce projet m’intéresse car il me permettra de comprendre le point de vue des différents acteurs [de l’éducation des enfants]. » (Acteur de quartier)

 

Les retours exprimés lors de l’évaluation :

Ce sont surtout les enseignants et les acteurs de quartier qui expriment leur enthousiasme pour une méthode à laquelle ils ne sont pas habitués (« première fois en 14 ans de présence sur le quartier que l’opportunité de rassembler tous les acteurs éducatifs est donnée » signale un enseignant) et qui a permis de « se connaître, de s’écouter et de se comprendre à l’issue des 3 séances ». Certains freins au dialogue (les enseignants s’attendaient « à davantage de reproches et moins de liberté de parole ») sont levés. L’attente de voir des projets concrets émerger de ce travail est forte : « Il y a eu des idées, des choses plus ou moins faciles à réaliser ; j’ai trouvé ça très positif ! Maintenant, il faut voir ce qui va émerger à la rentrée. » (acteur du quartier).

Les parents également attendent la suite avec impatience mais nous rappellent en même temps notre engagement de changer vraiment des choses au sein des écoles :

« C’est bien de parler mais est-ce qu’on va passer à l’action ? J’espère mais je suis encore dans le doute. Il y a plein d’idées mais il faut passer à l’action. Il faudrait revoir tout le monde en septembre pour en reparler. » (Parent).

Un autre parent signale qu’il manque encore un groupe d’acteurs : les enfants !

 

Et maintenant ?

Le 30 septembre 2016, une nouvelle séance de travail est proposée aux volontaires ayant vécu les 3 demi-journées précédentes, avec pour objectif de mettre sur les rails des projets concrets dans les 6 écoles représentées.

Notre équipe, avec nos amis du centre social, s’investira dans chaque lieu avec en tête cet avertissement énoncé par les parents du groupe 2, qui se sont déjà sentis « exclus » lors de la 3ème réunion où les professionnels ont évoqué des projets à réfléchir ensemble (enseignants et acteurs de quartier) puis à proposer aux parents, les excluant ainsi de la phase de réflexion. Nous resterons vigilants à garantir une vraie place aux parents co-éducateurs de leurs enfants y compris au sein de l’école, dans le respect du rôle de chacun…

 

Et ailleurs ?

La qualité de notre démarche (objectifs et méthodes) est fort reconnue par les partenaires de l’éducation nationale qui co-pilotent le projet. A leur initiative, un projet similaire est déjà en route à Roubaix, soutenu par notre équipe, le centre social Mosaïque, mais pris en main par un centre social du quartier et la fédération des centres sociaux. De plus, l’expérience essaime en 2017 dans 5 sites du département… Avec ATD QM du Nord-Pas-de-Calais, l’équipe nationale du croisement des savoirs, nous sommes en train de mettre en place une formation à l’animation au croisement des savoirs et des pratiques pour plusieurs partenaires intéressés (des centres sociaux, des travailleurs sociaux, des alliés de la région…) afin de diffuser la démarche du croisement dans la région. Avec en perspective un réseau régional « Croisement des Savoirs » !