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Et l’on chercha tortue (broché)
Si les animaux de la brousse ne s’étaient pas tous rassemblés pour rechercher Tortue et la réintégrer dans leur communauté, ils n’auraient sans doute jamais trouvé l’eau nécessaire à leur survie.
Un conte africain, créé avec des enfants des rues de Ouagadougou.
Description
Ce très beau conte s’inscrit dans la lignée des contes africains.
Né de la rencontre de deux volontaires d’ATD Quart Monde avec des enfants des rues de Ouagadougou, il a été créé de toutes pièces avec ces enfants et illustré par un jeune Ivoirien, Justin Kra.
Il montre que mépriser le plus petit, c’est se priver d’un savoir qui peut être utile à tous car “il n’est personne sans valeur”. C’est en effet le savoir de Tortue qui permettra à tous les animaux de survivre.
La fraîcheur et la vérité du récit et de l’illustration ont été reconnues par deux prix, Prix Enfance du Monde – Natha Caputo (1992) et Prix Francophonie Saint-Exupéry (1992), et par de nombreux médias.
Ce livre est inclus dans la Mallette pédagogique Tapori, qui propose des outils pour aborder le thème de la solidarité avec les 7-12 ans.
A partir de 6 ans.
Ce livre est également disponible en néerlandais.
Extrait
Jean Venard nous raconte la création de l’album “Et l’on chercha Tortue” avec les enfants du Burkina Faso.
12 décembre 1987. Dans la Maison du Peuple de Ouagadougou, les lumières se rallument. L’un après l’autre, les comédiens enlèvent leur masque de têtes d’animaux.
Ce sont des jeunes de 13 à 18 ans. Une trentaine. Pendant quatre mois, ils ont répété leur spectacle «Le savoir de Tortue ». Ils ont confectionné eux mêmes masques et costumes tout en apprenant le travail de comédien. Des professionnels du théâtre, des artisans, des animateurs, des autorités les ont soutenus.
Ce soir, leurs visages rayonnent de fierté et de bonheur. Considérés naguère comme des enfants ne pensant à rien, pas même à leur famille, ils viennent de relever un immense défi. Issus de différents centres de réinsertion publics et privés ou venus des quatre coins de la ville, ils ont prouvé ce soir qu’on peut leur faire confiance. Ils voudraient tant se rendre utiles à leur famille et à leur pays.
“Nous savons que nos parents peuvent toujours nous pardonner. Avec notre histoire, les gens vont comprendre que même si un enfant fait une bêtise aujourd’hui, il pourra changer demain”, confiait un jeune acteur.
“Le savoir de Tortue” s’inscrit dans la lignée des contes africains et des valeurs qu’ils transmettent. Les personnages de Tortue et des autres animaux de la brousse viennent de ce patrimoine séculaire.
Mais ce sont le quotidien et les espoirs partagés avec les enfants qui leur ont donné vie au cœur des deux volontaires du Mouvement ATD Quart Monde qui ont aidé à écrire ce conte : l’un burkinabé, Jean Yanogo, l’autre français, Jean Venard. Tous deux côtoient depuis de nombreuses années ces enfants dans les rues de Ouagadougou. Avec eux, ils ont bâti en 1984 une Cour aux 100 métiers.
Le fondateur d’ATD Quart Monde, Joseph Wresinski, était né lui-même dans la misère. Son expérience l’avait convaincu de la nécessité que des hommes et des femmes – des volontaires – acceptent de lier leur propre avenir à celui des plus pauvres. Ainsi ces derniers pourraient-ils encore garder confiance en l’humanité et en eux-mêmes.
« Le savoir de Tortue » a donc pu être écrit grâce à cet engagement de volontaires avec les enfants. Grâce aussi à des relations très fortes tissées avec des « vieux » et des « vieilles » d’un centre d’accueil. Comme Tortue, ces « vieux », ces « vieilles » ne sont pas toujours respectés. Ils sont parfois considérés comme ne pouvant rien apporter à la communauté. Et pourtant, quand on prend le temps de partager l’amitié avec eux, quelle sagesse, quel « savoir » ne nous révèlent-ils pas ?
Si les animaux de la brousse ne s’étaient pas tous rassemblés pour rechercher Tortue et la réintégrer dans leur communauté, ils n’auraient jamais trouvé l’eau nécessaire à leur survie. Tortue savait où se trouvait l’eau…
Oui, en cette soirée du 12 décembre 1987, les jeunes comédiens pouvaient être fiers. Ils venaient de se montrer les héritiers fidèles de la sagesse de leurs parents et les dignes fils d’un peuple qui refuse de mépriser les plus faibles.