Né d’un père polonais et d’une mère espagnole, Joseph Wresinski grandit dans un foyer très pauvre à Angers.
Toute sa réflexion et son action resteront marquées par son expérience des humiliations et de la honte liées à la misère.
Curé dans des paroisses ouvrières et rurales, pendant dix ans, son évêque lui propose en 1956 de rejoindre un camp de sans-logis, à Noisy-le-Grand (région parisienne).
Le 14 juillet 1956, il rejoint les 252 familles rassemblées dans le camp des sans-logis. « Ce jour-là, je suis entré dans le malheur« , écrira-t-il plus tard. Il consacre toute son énergie à faire reconnaître ce peuple en quête de dignité, un peuple avec une pensée et une expérience uniques, indispensables à la société.
« J’ai été hanté par l’idée que jamais ces familles ne sortiraient de la misère aussi longtemps qu’elles ne seraient pas accueillies dans leur ensemble, en tant que peuple, là où débattaient les autres hommes. Je me suis promis que si je restais, je ferais en sorte que ces familles puissent gravir les marches du Vatican, de l’Elysée, de l’ONU… »
A Noisy-le-Grand, il proposera aux familles de créer un jardin d’enfants et une bibliothèque. « Ce n’est pas tellement de nourriture, de vêtements qu’avaient besoin tous ces gens, mais de dignité, de ne plus dépendre du bon vouloir des autres. » Une chapelle, un atelier pour les jeunes et les adultes, une laverie, un salon d’esthétique pour les femmes vont être réalisés peu à peu.
Avec les familles vivant à Noisy-le-Grand, Joseph Wresinski crée une association qui devient « Aide à Toute Détresse » (ATD). Une certitude anime Joseph Wresinski : « La misère est l’oeuvre des hommes, seuls les hommes peuvent la détruire. » Des hommes et des femmes de tous horizons et de tous pays le rejoignent peu à peu. Certains choisissent d’engager leur avenir avec les plus pauvres. Ainsi nait le volontariat permanent du Mouvement ATD Quart Monde.
Membre du Conseil économique et social de la République française à partir de 1979, Joseph Wresinski rédige son Rapport dont les répercussions sociales et politiques sont importantes à travers l’Europe et dans le monde. Ce rapport intitulé [« Grande pauvreté et précarité économique et sociale »->507] est adopté le 11 février 1987.
Pour la première fois, le peuple du Quart Monde s’exprime officiellement par la voix de l’un des siens. Le rapport reconnaît la misère comme une violation des droits de l’Homme. Il est proclamé qu’il n’est pas possible de supprimer la grande pauvreté sans associer d’emblée les plus pauvres comme partenaires.
Quelques mois plus tard, le 17 octobre 1987, à Paris, plus de 100 000 personnes répondent à l’appel du père Joseph Wresinski. Elles expriment la nécessité de s’unir pour faire respecter les droits de l’homme en se rassemblant autour du parvis du Trocadéro, à l’endroit où fut signée la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
À cette occasion est érigée une dalle où est gravé : « Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré« .
Ce rassemblement a institué le 17 octobre, [Journée mondiale du refus de la misère->http://www.oct17.org/]. Cette journée a été reconnue officiellement par les Nations Unies le 22 décembre 1992.
Sa démarche reste d’actualité : la lutte contre la misère ne peut être cantonnée à l’assistance. Elle relève d’un projet de société. En ce sens, elle réclame l’union de tous et la participation des plus démunis.
Pour en savoir plus : le site joseph-wresinski.org .