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« Souvent on a vécu nous-mêmes l’échec scolaire, l’humiliation quand on était enfant. On veut éviter ça pour nos enfants et pour tous les enfants. »

Face à la sur-représentation des enfants issus de familles en situation de pauvreté dans les filières hors cursus scolaire ordinaire, ATD Quart Monde et ses partenaires ont lancé en 2017 la recherche-action CIPES – Choisir l’Inclusion Pour Éviter la Ségrégation. Objectif : expérimenter de nouveaux chemins avec et dans les écoles et collèges volontaires, afin d’en finir avec les orientations scolaires pour cause de pauvreté.

Sortir de la fatalité

Au-delà des apparences, tous les enfants de France ne suivent pas, jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire, un parcours identique. Les chiffres sont en effet sans appel : 72 % des élèves de Segpa (Sections d’enseignement général et professionnel adapté) sont des enfants de milieux défavorisés. Le constat est sensiblement le même dans les Ulis (Unités localisées pour l’inclusion scolaire) et les Itep (Instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques). Leurs parents ont, pour beaucoup d’entre eux, vécu la même situation.

Ces orientations contribuent fortement à la reproduction de la grande pauvreté en enfermant ces familles dans un cercle vicieux « pauvreté → scolarité difficile → orientation subie vers l’enseignement adapté ou spécialisé → pauvreté », dont elles ne peuvent sortir seules. Tout cela est cause de nombre de souffrances et d’inégalités sociales : souffrance des enfants qui se sentent dévalorisés et qui se pensent comme les exclus de l’école, souffrance des parents qui avaient mis tous leurs espoirs dans l’école pour que leur enfant ne vive pas ce qu’ils ont vécu et souffrance des enseignants dont beaucoup contribuent douloureusement à ces orientations, percevant que ce n’est pas la solution mais ne voyant pas comment faire autrement.

Combattre cette « injustice sociale », tel est donc l’objectif de l’expérimentation CIPES lancée par ATD Quart Monde et ses partenaires, persuadés que l’école peut faire autrement et expérimenter de nouvelles voies par lesquelles l’enfant socialement le plus exclu sera celui à partir duquel seront réfléchis les projets pédagogiques.

Croiser les expertises, dont celle des parents

Une première phase de recherche, menée selon la méthode du Croisement des savoirs et des pratiques avec des professionnels de l’éducation, des chercheurs-universitaires et des parents, a permis de mettre en lumière de premiers enseignements rassemblés dans les Actes du colloque Orientation scolaire et grande pauvreté.

L’année 2019 a marqué le début du projet dans une vingtaine d’écoles et de collèges disséminés sur tout le territoire métropolitain, en zone rurale et urbaine, dans des écoles publiques et privées. Avec réalisme, en tenant compte des particularités de chaque école et de chaque collège, il s’agit de fixer un cap et de le garder pour construire un projet ambitieux s’appuyant sur la conviction que chaque enfant peut apprendre et est indispensable à tous les autres.

Les objectifs de l’expérimentation

Faire cesser l’injustice des orientations d’enfants issus de familles en situation de grande pauvreté.

Prendre en charge dans le cadre d’une école inclusive les difficultés que les enfants issus de familles en situation de grande pauvreté rencontrent parfois à l’école.

Réexaminer les procédures d’orientation vers l’enseignement adapté ou spécialisé.

Amplifier le mouvement d’inclusion des élèves de SEGPA et d’ULIS dans les classes ordinaires des écoles et des collèges.

Le déroulé de l’expérimentation

La première phase de l’expérimentation consiste en état des lieux : les enseignants accueillent dans leurs classes, pendant quelques jours, des observateurs – chercheurs et parents en situation de pauvreté. Des entretiens sont en outre organisés avec le directeur ou le principal, avec des groupes d’élèves et de personnels de l’établissement. Un questionnaire est envoyé à tous les enseignants.

Après cette évaluation de départ, les équipes pédagogiques, accompagnées par des chercheurs, définissent leur projet et travaillent sur leurs représentations de la grande pauvreté.

La version définitive du projet écrit par chaque équipe est par la suite discutée pour validation avec le comité de pilotage de l’expérimentation, qui regroupe des membres de l’équipe de coordination, la délégation nationale d’ATD Quart Monde, des représentants de syndicats (SGEN-CFDT, SE-UNSA et SNUIPP), des représentants de mouvements pédagogiques (AGSAS, GFEN, Crap-cahiers pédagogiques), de la FNAREN, un recteur, un IA-IPR, des représentants de laboratoires de recherche (LAPSYDE, Théodile-CIREL, LACES) et des représentants de fédérations de parents d’élèves (APEL, FCPE et PEEP).

Les équipe se voient proposer, tout au long de l’expérimentation, de l’analyse de pratique (temps de soutien au soutien organisé par l’AGSAS) et l’accompagnement d’un chercheur ainsi que des temps de formation/informations.

Les établissements ont ensuite cinq ans pour mettre en place de nouvelles pratiques qui seront ensuite évaluées notamment par un nouvel état des lieux.

Pour en savoir plus

Télécharger le cahier des charges de l’expérimentation

Visiter le site internet dédié à l’expérimentation

 

Si votre école ou votre établissement scolaire est intéressé par l’expérimentation, n’hésitez pas à nous contacter :

recherche.cipes@atd-quartmonde.org